Le 30 juin dernier, Axa avait ouvert le bal en annonçant l'arrivée de Serge Morelli à la tête de sa DRH, son prédécesseur, Cyrille de Montgolfier, étant appelé à conduire la fusion Axa-Winthertur. La semaine suivante, LCL lui emboîtait le pas, en révélant le départ précipité de son DRH, Jérôme Nanty, qui souhaitait, selon la formule consacrée, « donner une nouvelle orientation à sa carrière à l'extérieur du groupe ». A l'heure actuelle, son remplaçant officiel n'a toujours pas été nommé. Le lendemain, c'était au tour du groupe Banque Populaire de faire part de la nomination de Bérengère Grandjean au poste de DRH, Tanguy du Chéné se voyant chargé, outre ses responsabilités à la tête de la commission paritaire de la banque et à la présidence de l'Agefiph, d'une fonction d'animation des dirigeants et futurs dirigeants de la banque. Au 1er novembre prochain, Anne Marion-Bouchacourt succédera à Bernard de Talancé, parti à la retraite, à la tête de la fonction RH de la Société générale, tandis que Frédéric Lavenir remplacera Bernard Lemée, DRH de BNP-Paribas, nommé conseiller à la direction générale, au 1er janvier 2007.

Tous les quatre quadras, ces «jeunes» DRH ont également pour point commun d'avoir effectué l'essentiel de leur parcours hors RH. Voire d'être totalement novices en la matière, tels Serge Morelli et Frédéric Lavenir. Le premier, ingénieur en géologie minière de formation, a longtemps exercé au sein de SSII, puis dans une banque, avant d'intégrer, en 1992, le groupe Axa, à la fonction informatique, puis de prendre, en 2003, la direction générale de la région Ouest. Le second, haut fonctionnaire au ministère des Finances, a été recruté par BNP Paribas en 2001, pour diriger la filiale BNP Paribas Lease Group.

Tous deux s'avouent surpris d'avoir été choisis pour ce poste... mais tous deux avancent la même explication : « Ce n'est pas si éloigné des missions que j'assurais en tant que directeur général, affirme Serge Morelli. Lorsque l'on manage de grosses équipes, il y a une bonne part de GRH, car on doit caler une stratégie de développement réaliste des compétences des collaborateurs » ; « En tant que patron de filiale, j'étais à la fois acteur et client de la fonction RH, estime, quant à lui, Frédéric Lavenir. Ce qui m'a permis d'avoir une bonne connaissance de mes futurs interlocuteurs et des enjeux. » Une différence, cependant : si Serge Morelli a dû, au départ, cumuler les deux casquettes avant de pouvoir se consacrer à son nouveau poste, Frédéric Lavenir, lui, bénéficie, d'ici au 1er janvier prochain, d'une longue période de binôme avec Bernard Lemée.

A l'inverse, leurs deux consoeurs ont d'abord dû faire leurs preuves comme DRH de filiales avant d'accéder à la DRH groupe : à la BICS puis à la Bred Banque populaire pour Bérengère Grandjean, qui occupait des fonctions de communication et d'organisation, et à la SG Corporate and Investment Banking pour Anne Marion-Bouchacourt, recrutée en 2004. Ce qui ne l'empêche pas de mettre en avant, comme ces messieurs, sa bonne connaissance des métiers du groupe et de ses hommes, acquise précédemment comme consultante en stratégie : « Il est bon qu'une fonction comme la RH puisse s'enrichir à la fois d'une approche business transversale et de l'expérience opérationnelle de la GRH acquise dans la banque de financement et d'investissement. » Tous comptent d'ailleurs s'appuyer sur ces expertises pour mener à bien les prochains chantiers : la diversité et l'égalité hommes-femmes, mais aussi l'internationalisation.

Ces nouveaux venus sont également attendus de pied ferme par les partenaires sociaux de la branche, concernant les négociations sur la sécurité et l'égalité professionnelle : « Nous aimerions pouvoir les rencontrer assez vite pour savoir quel mandat ils donneront à Tanguy du Chéné, souligne Véronique Descacq, secrétaire générale de la CFDT-banque. Nous espérons notamment qu'ils, et surtout elles, accepteront d'avancer sur la question des rattrapages salariaux entre hommes et femmes. »

1 Axa, Banque populaire, BNP-Paribas, LCL et Société générale : ces cinq grands de la bancassurance ont annoncé, à quelques semaines près, le départ de leur DRH.

2 Si LCL n'a toujours pas nommé le remplaçant officiel de Jérôme Nanty, ses concurrents ont, quant à eux, fait porter leur choix sur des profils plus jeunes, dotés d'une expérience opérationnelle et/ou d'une bonne connaissance des métiers financiers.

3 S'appuyant sur des équipes d'experts, ces nouveaux DRH entendent mettre encore davantage la fonction au service de la stratégie de l'entreprise, et notamment accompagner son internationalisation.