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Les Pratiques

DCN Services Toulon veut apaiser le malaise

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 17.10.2006 | Marie-Pierre Vega

Après trois tentatives de suicide de cadres, les élus CGT du CHSCT de DCN Services Toulon ont obtenu un audit de la santé mentale des salariés.

«La politique RH n'existe pas. » « Sentiment d'incohérence, de manque de professionnalisme. » Ce sont quelques-unes des conclusions d'une enquête réalisée par le cabinet Alpha Conseil au sein de DCN Services Toulon (1 850 salariés), l'une des business units du groupe DCN, devenu société de droit privé en 2003. L'alerte avait été donnée par les élus CGT du CHSCT, qui s'interrogeaient sur d'éventuels liens entre les tentatives de suicide de trois cadres, en 2004 et 2005, et le changement de statut de l'entreprise. Autrefois bras technique de la Marine nationale, DCN est devenue une société comme les autres sur le marché concurrentiel des navires de guerre. « Aujourd'hui, le bateau doit être disponible le plus rapidement possible, avec moins de moyens et une cascade de sous-traitants », résume Jean-Marie Jégou, secrétaire du comité de liaison des trois CHSCT du site.

Un malaise existant depuis les années 1990

Alpha Conseil a demandé à 55 personnes leur ressenti sur les modes de gestion des RH, le système relationnel, la culture professionnelle et la transformation de l'entreprise en SA. Pour la direction, il ressort que « le malaise est antérieur au changement de statut. Il remonte aux années 1990, dans un contexte de diminution des crédits de l'Etat et de décrue des effectifs », explique Pascal Le Roy, directeur industriel.

Dans sa description du système social de DCN Services Toulon, l'audit fait état d'une gestion RH « au coup par coup » et d'une société « où tout est possible sans qu'on en perçoive le sens ». « La méfiance prévaut », et les salariés ressentent « un isolement croissant ». Les nouveaux cadres sont dans une « difficile quête de légitimité managériale et technique », tandis que les autres souffrent d'« un déficit de délégation, de pilotage et de capacités décisionnelles de l'entreprise ».

Un plan d'action jugé insuffisant

La direction a réagi avec un plan d'action qui tient aussi compte des résultats, sensiblement identiques, de l'enquête d'opinion interne de novembre 2005. Principal axe : l'organisation du travail, avec la préparation du travail et l'anticipation de la charge. La santé et la sécurité au travail, la GRH, la position de l'encadrement dans l'organisation, la communication et la motivation constituent les quatre autres thèmes.

Pour Jean-Marie Jegou, ce plan n'est pas « assez ambitieux » au regard de « l'appel au secours » lancé par les salariés. Il préconise le recours à des intervenants extérieurs, « des experts de type ergonomes, psychologues ». « L'entreprise pourrait s'appuyer sur les compétences de la direction régionale du travail et de l'Aract (Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail, NDLR) ». Selon lui, des problèmes identiques sont constatés sur l'ensemble des établissements de DCN.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega