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Le groupe met ses bonnes idées en boîte

Dossier | publié le : 17.10.2006 | J.-F. R.

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Le groupe met ses bonnes idées en boîte

Crédit photo J.-F. R.

Le groupe chimique et pharmaceutique a déployé un portail fédérant 140 boîtes à idées destinées à doper l'innovation dans l'entreprise.

Ah, l'innovation, quel beau concept ! Sur lequel moult entreprises se sont cassé les dents. Car réclamer des salariés de tout bord qu'ils proposent des idées innovantes, des pistes d'amélioration technique, des produits nouveaux, bref tous ces bons tuyaux qui forment le creuset de la matière grise d'une entreprise, n'est pas une mince affaire. C'est pourtant le défi relevé par Solvay. Il faut dire que, dans cette entreprise belge de 29 000 salariés, marquée par cent quarante ans d'histoire, l'innovation n'est pas un vain mot (Solvay est, par exemple, un des membres fondateurs de l'association Innov'acteurs). C'est même une composante stratégique du groupe qui a été couchée officiellement sur le papier en 1999.

« A l'origine de la démarche, il y a l'engagement de la direction du groupe et du management pour favoriser l'innovation. Chaque collaborateur est ainsi invité à proposer ses idées d'amélioration ou de rupture, quelle que soit sa place dans la hiérarchie de l'entreprise », illustre Bertrand Estrangin, coordinateur innovation et responsable communication marketing à la DSI de Solvay.

Innovation en deux temps

Au sein de ce groupe chimique et pharmaceutique, le concept d'innovation se décline en deux phases : l'innovation sur le long terme, qui prépare l'avenir de l'entreprise ; et l'innovation permanente (concept nippon Kaizen), reposant sur la participation quotidienne des salariés. C'est dans ce cadre qu'«Innoplace» trouve toute sa dimension.

Cet intranet, né en 1999 sur une idée française, est aujourd'hui un portail fédérant 140 boîtes à idées (BAI) interactives dans 7 langues et intéressant 16 pays. « Avant l'intranet, il y avait une gestion papier des idées sur quelques sites. L'arrivée de cet outil nous a permis de démultiplier les démarches de créativité, d'automatiser la gestion, et d'assurer un partage international et transparent de toutes les idées », se souvient Bertrand Estrangin.

Echanges multipliés

Regroupés en réseau, les innovateurs «maison» sont aussitôt emballés par ce projet qui va leur faciliter grandement la tâche mais qui, surtout, est appelé à démultiplier les échanges dans l'entreprise. En outre, «Innoplace» peut s'avérer un excellent outil de reconnaissance et de valorisation des salariés.

Pilotées au niveau local, dans les filiales ou dans les sites de production, les BAI reposent, en premier lieu, sur la confiance accordée aux collaborateurs. Le principe : n'importe qui peut déposer une idée dans une BAI. Les cadres et les opérateurs sont actuellement les catégories les plus prolixes, et les pays les plus en vue sur «Innoplace» sont l'Allemagne, la Belgique et la France. Lorsqu'une idée est proposée par un salarié, celle-ci est immédiatement visible par l'ensemble des 29 000 collaborateurs dans le monde, lesquels peuvent réagir en y apportant des commentaires.

Pilotage rigoureux

Cette dynamique de la créativité se fonde sur un pilotage rigoureux. Les BAI sont animées par 120 gestionnaires, en charge de la validation, aidés par quelque 400 «facilitateurs» dont le rôle consiste à suivre le parcours d'une idée et à en rapporter les étapes à son auteur. Et c'est à un expert qu'incombe la responsabilité de répliquer une idée au niveau international. Depuis mars 2005, les experts disposent d'un module spécifique de gestion de la réplication. Pour qu'une idée soit mise en oeuvre, Solvay a fixé la barre du ROI potentiel à 5 000 euros minimum.

Depuis 1998, 25 % des idées émises ont été appliquées. Résultat pour Solvay : des profits estimés à 107 millions d'euros ! « Depuis mi-2002, année de l'extension de notre intranet au niveau européen, nous avons accumulé, dans notre base de connaissances, environ 40 000 idées. A ce jour, 7 000 d'entre elles sont appliquées et près de 6 000 sont en cours de réalisation, avec un gain confirmé de 60 millions d'euros », ajoute Bertrand Estrangin.

Politique homogène

Alors que les projets de développement portent sur une intégration plus poussée d'«Innoplace» au sein du portail du groupe Solvay, reste peut-être, à l'entreprise, à se doter d'une politique de rémunération homogène, destinée à récompenser les salariés qui contribuent à son développement. « L'innovation fait partie intégrante de la gestion des ressources humaines, fait cependant remarquer Bertrand Estrangin. Chaque collaborateur se voit fixer annuellement un ou des objectifs innovation par son responsable. La reconnaissance est organisée dans le cadre de Trophées sur les sites, dans la presse interne... La récompense, quant à elle, peut se matérialiser par un cadeau, une augmentation, une prime exceptionnelle, voire des évolutions de carrière. »

solvay

> Activité : chimie, pharmacie et plastique.

> Effectifs : 29 000 salariés dont 5 000 en France.

> Chiffre d'affaires : 8,562 milliards d'euros en 2005.

> Lancement d'«Innoplace» : 2003.

> Budget : 450 000 euros.

> Fréquentation : environ 20 000 visites par mois.

Auteur

  • J.-F. R.