Bonne nouvelle, voilà un intranet qui échappe à la règle du clonage ! Peu de fioritures dans la présentation, mais une thématique pour le moins dissonante (et essentielle pour l'entreprise) dans l'univers des intranets : la rémunération variable. Déjà ancien - il est opérationnel depuis 2000 -, «Bonus» s'est s'installé chez LCL (ex-Crédit Lyonnais) avec une facilité déconcertante.

« Cet intranet est vite devenu naturel. Si, demain, on le supprimait, ce serait une très mauvaise surprise pour nombre de personnes », remarque Béatrice Hadjadj, chargée d'études RH et administratrice du processus «Bonus». Tout juste reconnaît-elle avoir, durant la première année d'exploitation, « essuyé les plâtres ». « La première année d'existence de «Bonus» a été, c'est vrai, chaotique, notamment parce que c'était la première fois que l'on déployait un intranet de type interactif dans le groupe. Parallèlement à ces tracas techniques, nous avons subi les contraintes classiques liées à la conduite du changement. »

Si cet intranet s'est toutefois rapidement imposé, c'est, en premier lieu, parce qu'il ne modifiait pas en profondeur le processus de la rémunération variable en place dans la banque. A l'origine, en effet, l'objectif de la direction était d'automatiser et d'étendre à l'ensemble des cadres de LCL un processus qui existait auparavant sous format papier pour les seuls cadres dirigeants, soit environ 300 personnes.

Pour la DRH de LCL, qui pilote cet intranet, l'enjeu était également d'associer la rémunération variable à des objectifs quantifiables et mesurables et d'améliorer la motivation des cadres grâce à un dispositif de rémunération variable plus attractif, plus transparent dans ses modes d'attribution. Ainsi, sont devenus éligibles à «Bonus» 5 000 cadres et commerciaux.

Outre cette extension, l'autre nouveauté résidait dans l'interactivité de l'outil. « Il ne s'agit plus seulement de rechercher des informations et des contenus mais de faire en sorte que tous les utilisateurs (salariés, managers, partenaires et RRH) soient actifs tout le long du processus », indique Véronique Pasnik, chargée d'études RH.

Ledit processus suit un cheminement qui commence en avril avec la création des objectifs dans la «matrice Bonus» pour s'achever en mars de l'année suivante avec le paiement de la rémunération. Inutile de préciser que l'outil enregistre, à cette époque de l'année, des pics de fréquentation records. Entre ces deux temps forts, chaque utilisateur peut, en fonction de son degré d'habilitation, intervenir dans la gestion du processus.

Epine dorsale du dispositif, la «matrice Bonus» est constituée d'un ensemble d'objectifs collectifs (liés au résultat économique de la direction de rattachement du collaborateur) et individuels. « En début d'année, explique Béatrice Hadjadj, le manager fixe des objectifs individuels (quantitatifs et qualitatifs) avec son collaborateur. Ils sont saisis dans la matrice. C'est au travers de cette matrice que la notation sera réalisée, ainsi que la restitution de la performance et du calcul du bonus. »

Ce dernier est calculé à partir des objectifs initiaux, de la formule de calcul associée à la matrice et de l'évaluation enregistrée dans l'intranet par le manager et les éventuels partenaires (le manager peut, en effet, déléguer à deux ou trois personnes l'appréciation de la performance individuelle qualitative de son collaborateur). La part collective liée aux résultats est, quant à elle, alimentée automatiquement.

Accessible depuis le portail de LCL, cet intranet reste en constante évolution, grâce à ses utilisateurs (les 5 000 salariés éligibles, les 800 managers et la trentaine de responsables RH, sans compter les 2 500 matrices partenaires) invités à proposer des pistes d'amélioration dans un espace ad hoc. «Bonus», qui est interfacé avec le système de paie, repose sur un workflow assuré par le logiciel Notes/Domino. Il est aussi accessible à distance via un navigateur.

> Activité : banque et assurances.

> Effectifs : 26 000 salariés.

> Produit net bancaire : 3, 501 milliards d'euros en 2005.

> Lancement de «Bonus»: janvier 2000.

> Budget : 722 000 euros.

> Fréquentation : environ 20 000 sessions par mois (sur un périmètre de 5 000 utilisateurs).