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Les Pratiques

Tous les Hollandais au travail !

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 10.10.2006 | Didier Burg, à Amsterdam

Les partenaires sociaux néerlandais ont négocié un accord visant à augmenter de 8 points le taux d'emploi de la population active : limitation des préretraites, fiscalité défavorable aux foyers monosalariés, solutions de garde d'enfants...

L'accord social, conclu sur le financement des retraites par les partenaires sociaux aux Pays-Bas, tient un peu du cadeau empoisonné. A l'opposé de certains partenaires européens, le royaume batave se refuse à augmenter l'âge de la retraite (65 ans aujourd'hui) pour compenser les coûts du vieillissement de la population. Alors que le royaume compte 2,6 millions de retraités aujourd'hui, il y en aura 4,4 millions en 2040. Les Hollandais ont choisi de remettre au travail tous les actifs, après avoir été champions du travail temporaire et à temps partiel. L'objectif, à long terme, est que 80 % de la population active ait un emploi, contre 72 % aujourd'hui. « Nous avons déjà intégré ce principe dans notre convention », reconnaît-on chez Philips, où les départs en retraite anticipée devraient se raréfier.

500 000 emplois à créer

Le financement de cette politique sera loin d'être indolore, aussi bien pour les foyers que pour les caisses de l'Etat. Les entreprises, quant à elles, devront créer quelque 500 000 emplois pour relever le défi. Réticent, le groupe chimique Akzo Nobel estime que « l'objectif premier d'une entreprise n'est pas de créer un marché de l'emploi, mais de faire des affaires ».

Pour les mesures impopulaires, les seniors et les femmes sans emploi sont en première ligne : la préretraite va devenir une exception, et la fiscalité des foyers où un seul des partenaires travaille sera alourdie. Plusieurs pistes sont déjà à l'étude au sein de la banque mutualiste Rabobank pour embaucher davantage de seniors, ne serait-ce qu'en changeant l'environnement (moins de taches pénibles, horaires aménagés).

Formation continue

« Les sociétés doivent aussi investir dans la formation continue pour garder à niveau leur personnel âgé », indique Wim Boonstra, économiste à la Rabobank. Mais, à l'inverse, la banque estime que les seniors doivent accepter des salaires inférieurs pour la perte de leur productivité. « Ce problème pourrait devenir moins épineux pour le salarié si le montant de sa retraite était déterminée sur l'ensemble de sa carrière et non sur les dernières années d'activité », considère Charles Kalfshoven, économiste au sein de la banque ABN Amro.

Quant à la création de structures d'accueil des enfants pour «libérer» les femmes, les entreprises estiment qu'il appartient en priorité au gouvernement de résoudre le problème. Akzo Nobel se refuse, quant à lui, à faire de la discrimination positive pour embaucher des femmes, mais se dit disposé à aménager des postes équilibrant vie professionnelle et vie familiale.

Optimistes, les partenaires sociaux estiment que le financement de ces mesures ne devrait poser aucun problème grâce à la croissance attendue, même si l'Etat sera tenu de réduire son train de vie.

Auteur

  • Didier Burg, à Amsterdam