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Les Pratiques

Spid 85, une PME en pointe

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 10.10.2006 | P. S.

L'application d'une nouvelle grille de classification, signée en 2004, est en oeuvre dans la plasturgie. Si les grosses entreprises avancent, les PME sont à la traîne. Spid 85, PME de Vendée, a, quant à elle, abordé la mise en place de la grille sans délai.

L'évaluation des emplois sur laquelle s'appuyait la grille de classification dans la plasturgie datait de 1977. Depuis dix ans, la Fédération de la plasturgie et les organisations syndicales négociaient une nouvelle classification. « L'ancienne grille de la plasturgie comprenait six coefficients en dessous du Smic. Une telle base de départ tirait tous les salaires vers le bas. Aussi, les entreprises n'étaient pas pressées de conclure », explique la CFDT. Le 16 décembre 2004, un accord a été enfin signé et entrera en application, au plus tard, au 31 décembre prochain. Il concerne 156 000 salariés pour 4 000 entreprises, dont 80 % de PME.

La pesée de chaque emploi

Au niveau de la Fédération, cinq critères de classement ont été retenus pour permettre la pesée de chaque emploi : connaissances à maîtriser ; technicité de l'emploi ; animation et encadrement ; autonomie ; traitement de l'information. Ils recouvrent la totalité des situations de travail observées dans la branche. Désormais, c'est à chacune des entreprises de définir ses emplois selon ces critères.

En Vendée, Spid 85 a déjà finalisé le travail d'évaluation des postes. Ce volontarisme lui a permis de tirer avantage de la mise en pratique de l'accord de branche. « On se sert du climat de motivation que suscite l'accord chez les salariés et des outils qu'il nous donne comme d'une dynamique pour mieux associer notre équipe à nos objectifs de productivité », explique Thierry Pineau, DRH du groupe B.ES Invest dont dépend l'établissement vendéen.

Commission de classification

B.ES Invest possède 13 usines et regroupe 1 250 personnes. Spid 85 réunira la première, ce mois-ci, sa commission de classification, exigée par l'accord. Celle-ci regroupe représentants du personnel, direction et syndicats pour discuter du nombre de points accordé par la direction à chaque emploi. Son avis est consultatif. « Cette usine, qui compte 96 personnes, est très pointue, elle conçoit et livre des pièces entièrement décorées et assemblées, on y maîtrise de multiples technologies complémentaires, ce qui fait qu'elle fonctionne bien », reconnaît Thierry Pineau. Un environnement favorable pour tester la mise en place de l'accord qui devra guider la marche générale sur les autres sites du groupe.

« Le travail mené chez Spid 85 nous a permis d'établir qu'il faudra compter entre 20 et 30 euros d'augmentation par employé et par mois », précise Thierry Pineau. Or, l'accord survient alors que, depuis deux ans, la conjoncture économique est difficile dans la plasturgie. « Nous sommes, entre autres, fournisseurs de l'automobile, un secteur en difficulté, précise le DRH. Et nous subissons la concurrence des pays de l'Est. »

Améliorer la qualité du recrutement

Néanmoins, il y a à gagner pour l'entreprise dans cette modernisation. « Notre effort aboutit à mettre les définitions de fonction en adéquation avec les emplois, détaille le DRH. Cela clarifie la maîtrise que l'on peut exiger d'un salarié pour chaque travail. La question n'est plus comment employer un tel, mais quels sont les besoins du poste. » Chacun a bien conscience que l'évolution des savoir-faire est un atout dans la compétition actuelle. « Injecter un coup de presse pour faire une pièce n'est plus rentable, constate Jacques Groussin, délégué CFDT chez Spid 85. La valeur ajoutée est obtenue grâce aux travaux de parachèvement. Les opérateurs, aujourd'hui, doivent avoir plus de compétences qu'il y a vingt ans. En haussant les salaires, on espère bien pouvoir améliorer la qualité du recrutement. »

Gestion optimale

La préparation des définitions a demandé un gros investissement à l'antenne DRH de Spid 85. « La direction a étudié et apprécié le contenu de chaque emploi, elle a produit un document sur chaque fonction, explique Thierry Pineau. Cet outil nous servira pour une gestion optimale des RH. » Il a fallu introduire deux nouveaux critères : l'animation et le traitement de l'information. « Aujourd'hui, du fait de la réduction des niveaux hiérarchiques dans les entreprises, de nombreux emplois nécessitent de l'autonomie, nous avons dû en faire l'évaluation pour chacun, détaille le DRH. De même, il fallait mesurer la nature des flux d'informations reçues, traitées, voire exploitées dans le cadre de chaque emploi. » Quand une insuffisance de compétences sera détectée, une formation sera proposée. « Le niveau des connaissances va augmenter, conclut Thierry Pineau, ce qui renforcera les capacités d'adaptation des équipes. »

Un coup de pouce du gouvernement aux négociations

Le 23 août, les présidents des 274 branches professionnelles ont reçu une lettre de Gérard Larcher qui leur demandait d'engager des négociations au cas où leurs grilles de salaires ne seraient pas en conformité avec le Smic, revalorisé le 1er juillet dernier. Le ministre vient de mettre en place une sorte d'observatoire pour assurer un suivi permanent des négociations professionnelles. Une vingtaine de branches seraient à la traîne.

Auteur

  • P. S.