Cinq cent cinquante salariés, dont une majorité d'ouvriers, avec une moyenne d'âge de 38 ans : a priori, Eternit, société spécialisée dans les matériaux du bâtiment, n'avait pas le profil type pour se lancer parmi les premières dans la mise en oeuvre d'un dispositif de retraite pour tous ses salariés. Elle rejoint à ce titre des groupes du CAC 40 et les entreprises de secteurs bien portants qui dégagent des marges substantielles, comme la pharmacie. Et, en plus, elle ne s'est pas contentée d'ouvrir un Perco : elle a, au contraire, convaincu les syndicats et les salariés de l'intérêt d'un régime collectif obligatoire où ils seraient obligés de cotiser sur leur salaire, en complément de la cotisation employeur.

Ce déploiement original est né d'une longue réflexion avec les partenaires sociaux, accompagnée par le cabinet d'actuaires Adding. A l'origine, projet plus banal, l'entreprise souhaitait transformer un régime à prestations définies (art. 39) destiné aux cadres dirigeants. « D'une part, les engagements de ce type de régime sont aujourd'hui dissuasifs, d'autre part, nous avions l'idée d'élargir l'aide de l'entreprise à l'amélioration de la retraite pour le plus grand nombre », souligne Bruno Oget, le DRH. Eternit cotisait déjà au taux maximal sur les régimes complémentaires obligatoires.

La sensibilisation du comité de direction au problème de la retraite a débouché sur la création d'une commission retraite, rassemblant les partenaires sociaux et des salariés volontaires, issus des quatre usines et du siège. Toute cette phase de réflexion sur la situation de l'entreprise, les enjeux et les possibilités en matière de retraite a été accompagnée et alimentée en informations techniques par Adding.

La commission a travaillé en 2005, de mars à la fin de l'année, en livrant plusieurs bilans d'étape. Trois prestataires ont été reçus, avant que le choix se porte sur la CNP pour gérer ce contrat. L'accord a été signé en février par les deux syndicats, CGT et FO. « Nous avons choisi ensemble un Pere plutôt qu'un Perco, car, dans ce cas, il y a une démarche de contrainte à la constitution d'une épargne, indique Bruno Oget. C'est une responsabilité que se sont donnée l'entreprise et les représentants du personnel. » Et, pour mieux engager le débat, garantie était donnée dès le départ aux syndicats que cet élément ne viendrait pas interférer dans la négociation salariale annuelle.

Compte tenu de la composition des effectifs, 370 ouvriers sur un total de 550 salariés, de leur relative jeunesse et de leurs salaires assez faibles, faute d'ancienneté, le régime choisi, qui impose une cotisation sur le salaire, démarre en douceur. S'il fixe, à terme, l'objectif d'une cotisation globale de 4 % du salaire, dont 3 % pour l'employeur et 1 % pour le salarié, il n'y parviendra que graduellement, la cotisation augmentant chaque année. Elle sera au départ de 0,5 % pour les salariés et de 1 % pour l'entreprise, avant d'atteindre ses taux définitifs en avril 2008.

> Effectifs : 550 salariés.

> Chiffre d'affaires : 110 millions d'euros.