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L'échec des fonds de pension

Dossier | publié le : 03.10.2006 | Stéphanie Salti, à Londres

Les fonds de pension britanniques ont largement pris l'eau. La réforme des retraites entamée par le gouvernement de Tony Blair devrait néanmoins apporter une solution pour les retraités de demain.

En juillet 2006, le déficit des fonds de pension des cent plus grosses entreprises britanniques a atteint 54 milliards d'euros, soit, peu ou prou, le même chiffre qu'en juillet 2005 (55 milliards). Auteurs de cette étude, les actuaires de la société britannique Lane Clark et Peacock estiment que ce montant a été atteint alors même que les marchés boursiers étaient à la hausse et que les contributions des entreprises avaient atteint un niveau record, avec un montant de près de 18 milliards d'euros.

Comment en est-on arrivé là ? La plupart des entreprises proposaient, il y a peu, à leurs salariés, d'adhérer à un fonds de pension par capitalisation qui leur assurerait une retraite égale aux deux tiers de leur dernier salaire. Or, l'espérance de vie s'allongeant, les fonds de pension se sont vus contraints à verser une retraite sur une durée plus longue.

Chute des actions

Par ailleurs, l'effondrement des marchés boursiers en 2001, qui a fait chuter les indices, a eu des conséquences particulièrement violentes sur les fonds, fortement investis en actions. Du coup, les entreprises se sont retrouvées face à un large déficit de leurs fonds, dont elles n'ont pas fini de payer les conséquences encore aujourd'hui. La plupart ont cependant réagi. Pour limiter leurs engagements, beaucoup ont purement et simplement fermé leurs fonds de pension aux nouveaux salariés arrivés dans l'entreprise, tout en les laissant ouverts aux anciens membres : selon les dernières estimations, elles sont environ 57 % dans ce cas de figure.

Fonds spéculatifs

Parallèlement à cette tendance, la plupart des fonds ont réduit leur dépendance aux marchés boursiers en limitant leur investissement en actions : alors que 57 % d'entre eux étaient investis en actions il y a encore une décennie, ce taux est tombé à 35 % aujourd'hui. Parmi les dernières initiatives en date, l'opérateur de téléphonie britannique BT Group a annoncé, à la mi-septembre, son intention de troquer un tiers de ses actions contre d'autres formes d'actifs financiers, comme des fonds spéculatifs (hedge funds) ou des capitaux privés, moins sensibles à la volatilité des marchés.

Fin des revenus garantis

Rentokil Initial, un spécialiste du nettoyage et de la dératisation, a cependant franchi, en décembre dernier, une étape décisive en décidant de clôturer une bonne fois pour toutes le fonds de pension à revenu garanti pour ses salariés en poste. La société s'est seulement engagée à verser les sommes nécessaires pour honorer les pensions au niveau actuel, soit l'équivalent de 543 à 558 millions d'euros. Inutile de dire que cette décision a provoqué un tollé des syndicats, inquiets qu'elle n'inspire d'autres entreprises. De son côté, le NAPF, l'association nationale des fonds de pension, y voyait un signe de l'intense pression qui pèse sur les entreprises pour contrôler leurs coûts. Et de conclure : « Il n'y a aucune obligation de la part des employeurs à fournir des fonds de pension. »

Relever l'âge de départ en retraite

Face à la faillite de ce type de régime, le gouvernement Blair a publié, en mai dernier, un livre blanc sur les retraites, reprenant les recommandations du rapport de la commission Turner. Pour l'essentiel, le projet de réforme prévoit donc de relever progressivement l'âge minimum du départ à la retraite à 66 ans en 2006, puis à 67 ans en 2036 et à 68 ans à l'horizon 2046.

Par ailleurs, le gouvernement britannique a accepté de revenir sur une mesure prise par le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher en 1981, en réindexant la pension d'Etat sur les salaires et non plus sur l'inflation, ce qui est beaucoup plus avantageux. Or, cette mesure devrait prendre effet en 2012.

Reste donc le problème des salariés qui partent aujourd'hui. Selon une étude publiée le 19 septembre dernier par le magazine britannique Investment, Life & Pension Moneyfacts, les rendements de ces retraites ont été réduits de moitié en une décennie. Une personne prenant sa retraite aujourd'hui pourrait être jusqu'à 50 % moins bien lotie qu'un retraité ayant quitté son entreprise avec le même niveau de contributions il y a dix ans...

Auteur

  • Stéphanie Salti, à Londres