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Les Pratiques

Wal-Mart accepte les syndicats... en Chine

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 19.09.2006 | Stéphanie Rigaud, à Shanghai

Le géant américain a abdiqué face aux pressions de Pékin. Plus d'un tiers des hypermarchés du groupe en Chine ont aujourd'hui une section syndicale.

Wal-Mart, l'une des entreprises américaines les plus farouchement opposées à toute forme d'association de ses salariés, a accepté, fin juillet, la création d'une section syndicale dans l'un de ses magasins en Chine. Une première pour le numéro un mondial de la grande distribution. Et, un mois plus tard, une vingtaine d'autres magasins - sur la soixantaine que compte la chaîne - avaient déjà créé leurs propres branches. Elle a cependant résisté deux ans avant de s'incliner face aux pressions du gouvernement chinois. L'événement crée en effet un précédent pour le groupe, qui a toujours refusé les syndicats. En novembre dernier, le Pdg de Wal-Mart, Lee Scott, déclarait encore à Pékin : « Nous communiquons directement avec nos employés et nous n'avons pas besoin de représentants des syndicats. »

Obligation légale

Mais pourquoi le géant at-il fini par abdiquer ? Légalement, le groupe, qui compte 30 000 salariés en Chine, n'avait pas le choix. « La loi oblige toute entreprise à avoir une section syndicale et à lui allouer 2 % de sa masse salariale, précise David Boitout, associé coresponsable du bureau de Shanghai du cabinet d'avocats Gide Loyrette Nouel. Le défaut d'initiative de l'entreprise n'est cependant pas sanctionné. » Mais, à partir du moment où un salarié de l'entreprise demande la création d'un syndicat - le scénario chez Wal-Mart -, la direction ne peut pas légalement refuser. Dans la pratique, la plupart des PME étrangères ont peu de salariés et n'ont pas de section. En rachetant des parts dans une entreprise locale, les sociétés à capitaux mixtes héritent, pour leur part, du syndicat existant dans la structure chinoise.

Relais du parti

La pilule était, par ailleurs, moins difficile à accepter pour Wal-Mart, en raison de la forme même du syndicat. Il est officiel et unique, et il n'a pas le rôle de contre-pouvoir et de défense des intérêts des salariés qu'il endosse dans les pays démocratiques. C'est, avant tout, un relais du parti communiste, chargé de veiller à la bonne application des lois et des règles édictées par l'organe politique. A ce compte-là, Wal-Mart prend peu de risques, si ce n'est celui d'un contrôle accru de la part des autorités. Enfin, l'attrait du marché chinois, à la fois pour y acheter des produits et y ouvrir des magasins, a eu raison de la politique maison de Wal-Mart. Le groupe prévoit d'ouvrir une vingtaine de points de vente en Chine cette année. Il lui est donc difficile de se mettre à dos les autorités locales.

Pékin pousse de plus en plus les entreprises étrangères à organiser la création de sections syndicales, et l'exemple Wal-Mart devrait l'aider en ce sens. D'après la Fédération des syndicats de Chine, seules 26 % des entreprises étrangères ont un syndicat. L'objectif est de passer à 50 % à la fin de l'année.

Auteur

  • Stéphanie Rigaud, à Shanghai