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Les Pratiques

L'ANPE cherche un emploi à 5 000 diplômés des ZUS

Les Pratiques | Point fort | publié le : 19.09.2006 | Marie-Pierre Vega

Des organismes privés, retenus sur appel d'offres, sont chargés par l'ANPE de reclasser 5 000 jeunes de moins de 26 ans de niveau bac + 2 minimum et résidant en zone urbaine sensible. Cette prestation d'accompagnement renforcé, baptisée «Objectif placements», est sur les rails depuis le mois de mai dernier.

Au 1er juillet 2006, environ 8 000 jeunes âgés de moins de 26 ans, d'un niveau bac + 2 et habitant dans une zone urbaine sensible, ou apparentée, étaient inscrits auprès de l'ANPE. « C'est, bien sûr, un fichier vivant, avec de nombreuses entrées et sorties », note Nadine Crinier, directrice régionale adjointe de l'ANPE Nord-Pas-de-Calais et chef de projet national sur la mission emploi-quartiers. C'est pour ce public qu'a été conçue «Objectif placements», une opération déployée sur 14 régions, dont l'Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Rhône-Alpes. « Toutes ces régions possèdent des ZUS et un nombre de bénéficiaires potentiels important », explique Nadine Crinier, qui coordonne le dispositif. Financée à hauteur de 12 millions d'euros pour 5 000 places, la prestation se déroule en deux temps : un accompagnement renforcé sur six mois maximum vers un CDI, un CNE (contrat nouvelles embauches) ou un CDD de plus de six mois, puis un suivi dans le poste pendant six mois pour aider à la consolidation du contrat de travail en identifiant les éventuelles difficultés d'intégration et en recherchant leur solution.

Quatorze prestataires

Quatorze prestataires ont été recrutés sur appel d'offres national. Tous ont une expertise dans l'aide à la recherche d'emploi, certains sont également organismes de formation et beaucoup travaillent déjà avec les collectivités et l'ANPE. Certains sont de dimension nationale, comme l'Afij, ou de taille très modeste, comme la société Perf', qui emploie cinq consultants à Nice.

53 % de niveau bac + 2

Au 20 juillet, le dispositif comptait 949 adhérents, dont 53 % de niveau bac + 2, repérés par les agences locales ou, pour quelques-uns, orientés par les missions locales. Pour l'heure, l'ANPE n'est pas en mesure de fournir d'autres statistiques à l'échelle nationale. Selon nos informations recueillies auprès de plusieurs prestataires, il apparaît que le taux d'adhésion varie. Par exemple, 70 % des personnes convoquées ont honoré le rendez-vous d'information fixé chez Delos, l'un des cinq prestataires pour l'Ile-de-France, et autant ont désiré entrer dans le dispositif. Sur la centaine de personnes invitées à se présenter auprès d'Instep, une association qui devrait prendre en charge un total de 420 jeunes en Ile-de-France, 45 bénéficient désormais de ce suivi renforcé. « Le gros des effectifs va commencer à nous rejoindre avec la rentrée. D'ici à la fin septembre, les agences locales vont organiser des informations collectives que nous animerons dans leurs locaux », précise Sylvie Pé, en charge de la qualité, des procédures et de l'organisation du travail.

Les adhérents d'Instep sont essentiellement de niveau bac +2, et possédent une première expérience professionnelle. Delos recense aussi 85 % de BTS, principalement des assistants de direction, des assistants commerciaux et des assistants de gestion. « Les trois quarts n'ont aucune expérience professionnelle, les autres n'ont fait que des petits boulots alimentaires ou des stages courts non significatifs, précise Richard Jacques-Vidal, directeur adjoint du cabinet qui va accompagner 140 jeunes. Aucun ne sait chercher du travail. Ils n'ont pas les bons outils. Leur CV n'est pas en phase avec leur projet et avec la demande d'une entreprise, ils ne savent pas répondre à une petite annonce ni faire une lettre de candidature spontanée. »

Exploration individuelle

Sur la base d'un cahier des charges commun, chaque prestataire déploie des méthodes pédagogiques plus ou moins différentes. Instep fait essentiellement de l'individuel. « Nous proposons une exploration individuelle en quatre entretiens maximum, sur un mois à un mois et demi, pour définir le projet professionnel du candidat. Puis, nous passons à la phase active de la recherche d'emploi, ponctuée de sept entretiens, à raison d'un tous les sept à quinze jours », décrit Sylvie Pé. En supplément, le conseiller peut prescrire des ateliers thématiques, consacrés par exemple à l'élargissement des réseaux professionnels ou au traitement documentaire.

Dynamique de groupe

De son côté, Delos parie sur la dynamique de groupe dans une démarche qui se déroule en trois étapes : validation du projet, outillage et recherche d'emploi. « J'alterne le regroupement collectif d'une dizaine de personnes avec, une fois par semaine, l'entretien individuel, explique Richard Jacques-Vidal. Le travail de groupe les rend plus dynamiques, l'échange les fait avancer. Par exemple, nous avons commencé à travailler sur l'entretien d'embauche, un moment qui terrorise beaucoup d'entre eux. Je leur ai donné un glossaire de 150 questions susceptibles d'être posées par un recruteur et je leur ai demandé de dire lesquelles les «embêtent». Et nous en débattons tous ensemble. » A Nice, Perf', qui revendique aussi l'alternance du collectif et de l'individuel, met l'accent sur la fréquence des rendez-vous. « Nous voyons le jeune au minimum tous les deux jours. S'il ne peut pas venir, pour une raison qui doit être en rapport avec la démarche, on se parle par téléphone. On ne le lâche pas », insiste Corinne Dahan, responsable du cabinet.

Obligation de résultat

L'ANPE impose une obligation de résultat aux prestataires, avec un règlement en trois fois. La dernière tranche, soit 35 % de la facture totale, n'est réglée qu'à la présentation de la sixième fiche de paie consécutive. Alors, quid des jeunes qui trouvent un emploi d'une durée inférieure à six mois ? Chez Delos, sur 25 adhérents, quatre avaient retrouvé un emploi début août. « Mais ce sont des CDD de trois ou quatre mois, déplore Richard Jacques-Vidal. Je ne peux pas leur dire de refuser alors qu'ils n'avaient pas travaillé depuis un an. Pour ma part, j'ai décidé de ne pas les sortir du dispositif et je me garde la possibilité de les réintégrer si nécessaire. »

L'essentiel

1 Dans le cadre du plan pour l'emploi des jeunes, lancé par le gouvernement l'hiver dernier, l'ANPE pilote «Objectif placements», une prestation d'accompagnement renforcé de 5 000 jeunes.

2 La prestation concerne 14 régions sur 22. Elle est mise en oeuvre par 14 organismes privés, retenus sur appel d'offres national et payés au résultat.

3 Depuis le lancement de l'opération, 949 jeunes sont entrés dans le dispositif.

Un volet du plan national pour l'emploi

Le dispositif «Objectif placements» s'inscrit dans le Plan national pour l'emploi des jeunes, lancé l'hiver dernier par le gouvernement, et particulièrement axé sur l'emploi des jeunes issus des quartiers en difficulté. Dans ce cadre, l'ANPE s'était engagée, début 2006, à recevoir les quelque 52 000 demandeurs d'emploi alors inscrits à l'ANPE, résidant en ZUS et âgés de 16 à 25 ans révolus, avec priorité accordée aux jeunes de niveau de formation I, II et III.

A fin juin, 39 017 personnes, soit 80 % de la cible, avaient rencontré un conseiller dans leur agence locale, et reçu une proposition d'emploi, de formation ou de stage dans les trois mois suivant l'entretien. Cette méthode est désormais appliquée à tous les nouveaux inscrits, dans le cadre du suivi mensuel personnalisé.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega