logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Après les licenciements, les embauches

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 19.09.2006 | M.-P. V.

Le plan social annoncé en septembre 2005 chez HP a suscité davantage de départs volontaires que de postes supprimés. Le groupe informatique doit recruter plus de 150 personnes, tout en trouvant un emploi de réaffectation aux 385 salariés qui n'ont pas voulu partir.

La situation de Hewlett-Packard en France a quelque chose de cocasse. Confronté à trop de départs, notamment sur des postes qu'il ne veut pas supprimer, le groupe informatique doit maintenant gérer des mobilités internes et réembaucher. Il y a un an, HP annonçait la suppression de 5 969 emplois en Europe, dont 1 240 en France. Grenoble, l'Isle-d'Abeau (Isère) et Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), trois sites d'activité à vocation mondiale qui appartiennent à l'entité HPCCF, ont été les plus touchés par rapport aux Ulis (Essonne), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et les agences commerciales de province, concentrés sur le marché français sous la bannière HP France (HPF). La négociation avec les organisations syndicales a permis d'adoucir le plan, qui privilégiera les départs volontaires. Le personnel a sauvé 383 emplois en acceptant une remise en cause de l'accord sur les 35 heures. Désormais, les salariés travaillent 216 jours par an, contre 206 auparavant.

Un nombre important de volontaires au départ

Un an plus tard, l'heure des comptes a sonné. D'après les syndicats, la DRH est débordée par le grand nombre de volontaires : l'excédent de départs par rapport aux 857 postes supprimés s'établirait à 207 chez HPF et à 66 chez HPCCF, selon les chiffres diffusés par la CFTC. De son côté, la direction fait état de 129 volontaires supplémentaires. « Nous nous en doutions, nous nous y étions préparés, affirme Pierre-Yves Tilly, le DRH. En dépit des conséquences financières et de l'impact sur l'organisation du travail, nous avons choisi d'accepter toutes les demandes, y compris celles des talents que nous aurions voulu garder. » « La direction n'a pas oublié la leçon du plan social sur la base du volontariat de 2001 ; 150 demandes de départ avaient été refusées, les salariés concernés étaient restés totalement démotivés », analyse Jean-Paul Vouiller, secrétaire CTFC du comité de groupe HP.

Déséquilibre sur deux sites

Tant la direction que les syndicats conviennent d'un équilibre relativement satisfaisant sur tous les sites entre le nombre de volontaires et le nombre de postes supprimés, à l'exception des deux sites en région parisienne. « On note de trop nombreux départs sur les postes de commerciaux, consultants et attachés de clientèle, ainsi qu'au service des ressources humaines, note Patrick Nowak, délégué syndical central CFE-CGC chez HPF. A l'inverse, peu de personnes sont parties du service après-vente qui, pourtant, est rayé de l'organisation. »

Deux facteurs expliqueraient cet engouement, selon Pierre-Yves Tilly. « Entre l'annonce du plan, en septembre 2005, et le moment où le personnel a été invité à se prononcer (début juillet, NDLR), les salariés ont eu le temps de réfléchir et de mûrir un projet. » Ainsi, parmi les 986 volontaires, 60 % ont retrouvé un CDI ; 26 % ont bouclé un projet de création ou de reprise d'entreprise ; 7 % vont entrer en formation de reconversion et 7 % développent un projet personnel, selon les chiffres de la direction.

Les mesures d'accompagnement proposées dans le plan social sont, par ailleurs, particulièrement attractives. Mais les indemnités allant de 50 000 à 400 000 euros ne sont pas seules responsables, estiment les syndicats. « Les gens en ont ras le bol d'HP, qui ne respecte plus ses engagements et répète à l'envi un message qu'ils sont en train de suivre à la lettre : si tu n'es pas content, tu pars », dénonce François Godard, délégué syndical central CFDT du groupe HP.

A présent, Hewlett-Packard doit gérer l'avenir des salariés dont le poste est supprimé, mais qui n'ont pas souhaité partir, soit 235 personnes chez HPCCF et 150 chez HPF. « Le groupe recherche prioritairement des solutions de réaffectation dans la même catégorie professionnelle et sur le même bassin d'emploi. En vertu d'un engagement formel de ne procéder à aucun licenciement forcé jusqu'à fin 2007, nous accompagnerons chacun dans le changement au sein du groupe, ou à l'extérieur du groupe si c'est là que se trouve la solution. Nous ne mettrons la pression sur personne », affirme Pierre-Yves Tilly.

HP dit, ainsi, avoir identifié plus de 800 postes vacants. Le constructeur a aussi promis de lancer un programme d'embauches. Objectif : pourvoir des postes critiques laissés vacants par les volontaires dont l'emploi n'était pas supprimé, et qui n'ont pas été réaffectés. A court terme, la direction recruterait 70 à 80 personnes chez HPF et 80 chez HPCCF.

Programme d'externalisation

Mais les syndicats affichent leur scepticisme. « Certains responsables de business units veulent en profiter pour supprimer des postes qui ne devaient pas l'être, ni vu ni connu », prévient François Godard. « HP s'est par ailleurs engagé dans un programme d'externalisation de fonctions, comme l'administratif vers Bengalore, en Inde, les RH vers Wroclaw, en Pologne, et la relation client vers Bratislava, en Roumanie, note Patrick Nowak. Ce sont autant de postes en moins en France. »

Auteur

  • M.-P. V.