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Une DP, mais toujours pas de syndicat

Enquête | publié le : 19.09.2006 | Christelle Fleury

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Une DP, mais toujours pas de syndicat

Crédit photo Christelle Fleury

La PME vendéenne a fait mandater par la CFDT une de ses employées pour négocier les 35 heures. Aujourd'hui encore, salariés et direction considèrent le rôle de cette nouvelle interlocutrice comme positif.

En 2001, Fantronic Composants comptait une petite dizaine de salariés. La PME, située près des Sables-d'Olonne et spécialisée dans le commerce de composants et câbles pour ordinateurs, n'avait ni délégué du personnel, ni comité d'entreprise, ni représentant syndical. Comme souvent dans les petites structures, les discussions avaient lieu de façon informelle entre les employeurs - Patrice Gaboriaud et son épouse - et leurs salariés.

Mais les négociations sur les 35 heures ont imposé un nouvel interlocuteur : la personne mandatée pour négocier l'accord. A la demande de ses collègues, Francine Avrilla, employée de magasinage et conditionnement, qui avait déjà eu une expérience syndicale de nombreuses années auparavant, a accepté ce rôle. Restait à choisir une organisation : « La CFDT prônait le dialogue et la concertation, explique Francine Avrilla. Cette optique nous a plu à tous, direction comme salariés. » L'employée s'est donc immédiatement syndiquée.

Cinq ans après, les trois interlocuteurs - la direction, la salariée mandatée et l'union départementale CFDT Vendée - considèrent que les négociations ont été un succès : « Elles ont duré deux ou trois mois seulement », se souvient Patrice Gaboriaud. D'emblée, la direction a proposé de ne pas baisser les salaires, ce qui a sans aucun doute contribué au bon déroulement des discussions.

Certains points de l'accord d'origine ont ainsi pu être revus : « Au départ, nous avions prévu de fermer l'entreprise le vendredi après-midi dans le cadre de la réduction du temps de travail, explique le directeur général. Mais cela ne convenait pas aux clients alors nous avons discuté pour trouver une solution plus appropriée. » En l'occurrence, il a fallu revoir l'organisation horaire au cas par cas.

Elue déléguée du personnel

Suite au mandatement, Francine Avrilla est restée adhérente à la CFDT sans pour autant devenir déléguée syndicale. Elle a, en revanche, été élue déléguée du personnel (DP) quand l'entreprise s'est développée. La DP se réjouit qu'il soit désormais possible de discuter de sujets auxquels personne ne pensait auparavant. Les salariés ont, par exemple, demandé et obtenu des sièges ergonomiques. Patrice Gaboriaud, lui aussi, voit ces changements d'un bon oeil : « Les salariés se sentent plus libres de parler avec Mme Avrilla qu'avec ma femme et moi. C'est normal ! »

Expérience non renouvelée

Reste que Fantronic Composants, comme la plupart des PME sans délégation syndicale, n'a pas eu l'occasion de renouveler l'expérience du mandatement. Les relations sociales, qui se sont toujours passées des syndicats, ont donc repris le dessus, ce qui ne satisfait pas la CFDT Vendée : « A l'occasion des 35 heures, 274 salariés ont été mandatés par notre organisation dans le département. Ces personnes ont pris de nombreuses initiatives et beaucoup aimeraient continuer, analyse Jacques Bordron, secrétaire général de la CFDT Vendée. C'est pour cela que nous souhaitons que la réforme à venir du dialogue social relance le mandatement sous cette forme ou sous une autre. »

Fantronic Composants

> Secteur : commerce de composants et câbles pour ordinateurs.

> Effectifs : 25 salariés.

> Chiffre d'affaires 2004 : 4,54 millions d'euros.

Mikros/Aspheria : du paternalisme à la section syndicale

Dans le Nord-Pas-de-Calais, l'entreprise Mikros a découvert le dialogue social à l'occasion des négociations sur les 35 heures.

- Chez Mikros, devenu depuis filiale de La Poste sous le nom d'Aspheria, le mandatement de 1998 a changé les relations employeur-salariés du tout au tout : « L'employeur était un patron paternaliste. Il n'y avait pas de dialogue possible avec lui : il arrivait et disait quoi faire », affirme Philippe Briche, secrétaire du comité d'entreprise (CE) de cette société de prestations de services informatiques, située à Villeneuve-d'Ascq, qui comptait alors 50 salariés. Au moment de négocier les 35 heures, Philippe Briche a été choisi comme salarié mandaté.

- « Nous avons compris qu'il fallait nous organiser pour nous défendre », se souvient-il. Les élus ont mis en place des groupes de travail par secteurs d'activité pour pouvoir faire des propositions concernant l'accord. Les négociations ont duré un peu plus d'un an : « C'était la première fois qu'une discussion formelle avait lieu dans l'entreprise », affirme l'ancien mandaté, qui souligne l'importance d'être soutenu par un syndicat, en l'occurrence la CFDT : « Je n'aurais pas eu autant de poids si j'avais été un individu isolé ! »

- Le dialogue social entamé a ensuite continué, par exemple avec les chefs d'atelier, concernant la charge de travail, ou avec la direction, concernant les Tickets-Restaurant. Depuis, de fusions en rachats, la direction a changé et les conditions de dialogue se sont formalisées dans la société, qui compte désormais de nombreux délégués syndicaux.

Auteur

  • Christelle Fleury