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Enquête

« Les syndicats doivent se doter de négociateurs professionnels »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 19.09.2006 | E. F.

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« Les syndicats doivent se doter de négociateurs professionnels »

Crédit photo E. F.

E & C : Comment qualifiez-vous la négociation collective dans les PME françaises ?

D. L. : Dans la plupart d'entre elles, la «négociation collective» est informelle, on connaît donc mal ce qui s'y passe. Cela étant dit, la négociation se déroule essentiellement au niveau des branches. Le point important est d'avoir l'assurance que les règles établies dans les conventions sont appliquées. L'inspection du travail n'ayant pas les moyens de contrôler, ce serait aux syndicats de le faire, ce qui suppose qu'ils aient des adhérents dans les entreprises.

E & C : Les récentes expériences françaises de négociation collective par des salariés mandatés et des délégués du personnel vous semblent-elles concluantes ?

D. L. : Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Le salarié mandaté, comme l'élu ou le DS, a rarement la capacité de dire non, pour deux raisons. Premièrement, en tant que salarié de l'entreprise, le syndicaliste est placé sous l'autorité hiérarchique du patron ou du DRH. La première condition pour une véritable négociation, c'est que le représentant des salariés soit réellement indépendant de l'employeur.

Deuxièmement, on ne s'improvise pas négociateur, cela demande une formation et de l'expérience que n'ont pas les salariés mandatés ou les DS. La seconde condition serait donc que les syndicats se dotent de négociateurs professionnels. Sinon, comme cela se passe en France, les salariés se méfient et les employeurs refusent la discussion.

E & C : Quelles pistes suggérez-vous pour faire évoluer le dialogue social dans les PME ?

D. L. : Une condition préalable est que les syndicats s'occupent des problèmes individuels : salaires et primes, horaires, dates des congés, conditions de travail, relations avec la hiérarchie... Ils gagnent ainsi la confiance des salariés et s'imposent comme l'interlocuteur de l'employeur.

Mais les syndicats n'assument pas ce travail ingrat. Grâce aux aides et aux protections légales, ils n'ont pas besoin des cotisations. En définitive, le législateur n'a pas le pouvoir de créer un vrai dialogue social. Il faut, pour cela, que les syndicalistes retrouvent le chemin des ateliers, des commerces et des bureaux et qu'ils s'occupent des problèmes individuels des salariés.

(1) Coauteur avec Dominique Andolfatto de Histoire des syndicats (1906-2006), Seuil 2006.

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  • E. F.