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Les Pratiques

Tous les accords collectifs sont à renégocier

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 12.09.2006 | Marie-Pierre Vega

Le plan de restructuration de Nestlé Waters France a fait l'objet d'un long conflit en 2004 entre la direction et la CGT, cristallisé sur le site de Perrier. Depuis, environ 700 salariés sont partis en retraite anticipée et une nouvelle organisation du travail se met en place dans les usines.

On l'a appelée la crise Perrier. Pendant un an et demi, la CGT, syndicat majoritaire du groupe Nestlé Waters France et de son site Perrier, a opposé son veto au projet de restructuration présenté par la direction en novembre 2003. A l'été 2004, il est le seul à refuser de signer ce texte qui prévoit le départ en préretraite de 1 047 salariés et la mise en place d'une nouvelle organisation du travail destinée à réaliser des gains de productivité. En mai 2005, la direction, qui n'a pas donné suite à notre demande d'entretien, vient finalement à bout de la résistance du syndicat après avoir menacé de vendre Perrier. Entretemps, elle a découpé le groupe en six filiales, entraînant, de fait, la disparition du comité central d'entreprise, l'affaiblissement de la CGT et la dénonciation des accords collectifs en vigueur.

Gestion des emplois

Aujourd'hui, Nestlé Waters France se structure en six entreprises distinctes : Nestlé Waters Supply Sud (ex-Perrier), Est (ex-Vittel et Contrex) et Centre (ex-Quézac) pour la production, Nestlé Waters Marketing et Distribution, Nestlé Waters Services et une holding pour la partie fonctionnelle. Environ 700 salariés ont quitté le groupe, en vertu de l'accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences de juillet 2004. A Vittel et à Contrex, 352 salariés âgés de plus de 55 ans sont partis en préretraite sur la base du volontariat, sur un total prévu de 480 jusqu'en 2007. En contrepartie, Nestlé s'est engagé à embaucher 175 nouveaux collaborateurs. « On compte déjà une centaine de recrutements effectifs, note Michel Dormoy, délégué syndical CFDT de Nestlé Waters Supply Est et secrétaire adjoint du CE. Mais, dans le même temps, nous avons constaté le départ de cadres, licenciés ou démissionnaires, ainsi que le licenciement au coup par coup d'opérateurs qui ne s'adaptent pas à la nouvelle organisation. Nous voyons aussi arriver sur les lignes d'embouteillage des personnels administratifs redéployés dans le cadre de Globe, un projet d'optimisation industrielle mondial du groupe. »

A Vergèze, Perrier paie aussi un lourd tribut à la restructuration, avec 356 départs prévus. « Les trois quarts ont déjà quitté l'entreprise, note Jean-Luc Langlade, délégué syndical CFTC. Les 35 embauches prévues en contrepartie sont finalisées. Nous regrettons qu'elles concernent exclusivement des postes de technicien et de cadre, hors lignes d'embouteillage. » L'évolution des effectifs des filiales services et marketing et distribution, soit 570 personnes à ce jour, est plus difficile à estimer, car ceux-ci sont éclatés entre les établissements des Vosges, l'usine de Vergèze et un nouveau site à Garons, dans le Gard.

Nouvelles élections professionnelles

La filialisation a entraîné l'organisation de nouvelles élections professionnelles et la renégociation de tous les accords collectifs. La CGT, qui reste majoritaire chez Perrier et Quézac, est au coude à coude avec la CFE-CGC et la CFDT chez Nestlé Waters Services, tandis que cette dernière dirige les CE des Vosges et du marketing et distribution.

Chaque filiale a négocié le délai de survie des accords dénoncés par la direction. Elles ont, pour la plupart, jusqu'en juillet 2008 pour parvenir à un résultat. A ce jour, seul le dossier mutuelle et prévoyance est à peu près bouclé. Tous les autres chantiers restent ouverts, notamment les droits syndicaux, le temps de travail, la retraite, et les rémunérations et classifications. Les propositions de la direction dans ce domaine sont unanimement rejetées par les syndicats. « Nous ne signerons pas le texte de la direction, affirme Michel Dormoy. Il introduit dans la rémunération une part variable attribuée au mérite, selon des critères sur lesquels les salariés n'ont pas de prise. » « Tous les nouveaux projets d'accord sont très nettement à la baisse », résume Bernard Marcy, délégué syndical CFE-CGC sur la filiale services.

En parallèle, Nestlé déploie une nouvelle organisation du travail. Une par une, les lignes d'embouteillage sont transformées en équipes autonomes de production (EAP). « Désormais, la direction demande aux opérateurs d'être polyvalents sur plusieurs machines et d'être capables d'effectuer des interventions de maintenance de premier niveau, explique Jean-Luc Langlade. Résultat, nous enregistrons effectivement des gains de productivité de 25 % à 35 %, mais beaucoup d'opérateurs sont en souffrance. Les lignes fonctionnent avec moins de personnel et les formations d'adaptation n'ont pas été mises en place en temps et en heure. »

Avancées sur les conditions de travail

Dans les Vosges, au printemps dernier, les salariés ont observé des arrêts de travail journaliers pendant sept semaines pour protester contre les nouvelles conditions de travail. Ils ont obtenu plusieurs avancées : une enveloppe de 500 000 euros pour viabiliser les lignes d'embouteillage, la mise en place d'une commission de certification ergonomique des postes de travail et le recours aux CDD pour faire face aux absences ou aux périodes de forte production.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega