logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Une opération de longue haleine

Enquête | publié le : 12.09.2006 | Solange de Fréminville

Image

Une opération de longue haleine

Crédit photo Solange de Fréminville

Le programme de sevrage tabagique, lancé, en 2005, par la communauté d'agglomération de Montpellier, exige un suivi étroit et une application stricte de la loi Evin.

En février 2005, la communauté d'agglomération de Montpellier, qui emploie 1 200 agents, mettait en oeuvre un programme de sevrage tabagique. Cent personnes ont participé aux deux premières sessions ; plus de quarante sont inscrites à la troisième, qui vient de démarrer. Le maître d'oeuvre de ce plan anti-tabac est le Gefluc (Groupement des entreprises françaises dans la lutte contre le cancer) Languedoc-Roussillon, association qui a conclu un partenariat avec Epidaure, le département prévention du Centre régional de lutte contre le cancer. Celui-ci a mis au point un plan d'action en entreprise, qu'Anne Stoebner, tabacologue à Epidaure, qui a participé à sa conception, est chargée d'appliquer.

Bilan mitigé

Ce programme, l'agglomération de Montpellier l'a d'abord modifié : elle le voulait plus court, sur trois mois, et ouvert à tous sans conditions. Mais le bilan mitigé de la première session, dressé un an après (21 % de non- fumeurs ; 23 % ayant beaucoup diminué ; et, surtout, 30 % d'abandons), a conduit la collectivité à revenir sur les modalités proposées : une session étendue sur six mois, et des candidats qui s'engagent à s'arrêter de fumer.

Autre condition nécessaire à la réussite du projet, selon Anne Stoebner : « L'application de la loi Evin par la hiérarchie. » « Il est difficile de remettre au travail des gens sevrés s'ils sont tentés par des fumeurs dans les bureaux, traduit Jeanne Carluer, déléguée régionale au Gefluc Languedoc-Roussillon. Il faut que la loi Evin soit respectée par les directeurs, les chefs de service et tous les salariés. »

Consultation individuelle

Désormais, les fumeurs sont invités à aller consumer leur cigarette à l'extérieur. Pour autant, le plan anti-tabac reste « une démarche de volontariat, de non-culpabilisation du fumeur », insiste François Delacroix, directeur général des services, qui a eu l'initiative de cette opération.

Les candidats sont d'abord invités à une consultation individuelle avec la tabacologue. Celle-ci mesure la dépendance, le CO2 expiré, et propose un accompagnement par des substituts nicotiniques (patch, pastilles...). Ensuite, commencent les réunions de groupe, réservées à « ceux qui s'arrêtent de fumer et qui s'engagent à assister à toutes les séances », souligne Jeanne Carluer, pour qui l'absentéisme est le premier obstacle au succès du programme.

Au total, sept réunions sont prévues pendant six mois, proches puis espacées, pour des groupes de 20 personnes. D'une durée de 1 h 30, prises sur le temps de travail, elles sont animées par Anne Stoebner et Jeanne Carluer. Objectifs : répondre aux questions du groupe, expliquer les traitements, mesurer le CO2, traiter la dépendance psychologique... Une diététicienne intervient au cours du deuxième mois, quand se pose pour certains la question de la prise de poids. Si nécessaire, elle les reçoit individuellement.

Suivi personnalisé

Après les réunions, la tabacologue continue à assurer un suivi personnalisé pendant six mois, jusqu'au bilan : « Les participants peuvent me contacter par email ou par téléphone », explique-t-elle. Puis le médecin du travail prend le relais.

Le coût de l'opération (150 euros par agent) est pris en charge par le Gefluc Languedoc-Roussillon. Montpellier agglomération paie les substituts nicotiniques nécessaires pendant les trois premiers mois (113 euros par agent), un montant qui pourrait s'alourdir si elle décidait de prolonger son aide sur six mois. Elle a ajouté, en guise de cadeau, une demi-journée de thalassothérapie en fin de programme.

« C'est une opération de longue haleine », constate François Delacroix, convaincu d'oeuvrer non seulement pour la santé publique mais aussi pour la convivialité au sein de la communauté d'agglomération. Et, plus largement, dans les 31 communes qui la composent, leurs agents étant aussi conviés à la troisième session.

AGGLOMÉRATION DE MONTPELLIER

> Agglomération : 31 communes, 400 000 habitants.

> Effectifs : 1 200 agents.

> Budget : 890 millions d'euros.

Auteur

  • Solange de Fréminville