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Enquête

Quand l'entreprise tend la main au fumeur

Enquête | publié le : 12.09.2006 |

Afin d'aider leurs salariés à arrêter de fumer, les entreprises se rapprochent de prestataires spécialisés dans l'accompagnement au sevrage.

Les entreprises qui proscrivent le tabac n'hésitent plus à aider les accrocs à la nicotine à se sevrer. A la manette : DRH, CHSCT et médecins du travail. Seul problème pour ces acteurs : il reste difficile de s'y retrouver dans le maquis des prestataires qui se sont installés sur ce marché prometteur. « Il convient de faire le tri », recommande Laura Munoz, tabacologue à l'Office français de prévention du tabagisme (0FT).

Deux approches

Deux approches sont possibles : l'une, médicale, étayée par la prise de substituts nicotiniques ; l'autre, comportementale, reposant sur des séances collectives et pouvant, le cas échéant, s'appuyer sur des produits de substitution.

Surfant sur cette vague, la société britannique Allen Carr, active en France depuis 1998, est un des acteurs majeurs de l'accompagnement au sevrage. Sony, France Télévisions, France Télécom, pour ne citer que ces grandes entreprises, ont fait appel à ses services. Sa méthode : explorer les mécanismes de dépendance physique et psychique du fumeur afin de lui faire prendre conscience que fumer est une ineptie.

53,3 % de réussite

« Je reconnais que la séance est impressionnante. A la sortie, on se demande vraiment pourquoi on fume », confie un salarié qui a participé à cette méthode. La promesse d'Allen Carr ? 53,3 % de réussite au bout de douze mois. « Nous proposons une première séance de 4 heures, puis, à intervalles de 15 jours, deux autres séances optionnelles de deux heures. Nous accompagnons également la communication institutionnelle de l'entreprise, qui est un élément capital du projet », avance Matthieu Davoli, responsable marketing communication d'Allen Carr France.

Accompagnement

D'autres organismes parient davantage sur la durée. C'est le cas de l'OFT, du Gefluc ou encore de l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie). « Si l'entreprise souhaite aller plus loin qu'une simple campagne de sensibilisation , nous organisons un accompagnement poussé, avec la mise en place d'un groupe d'aide au sevrage. Une ou deux séances d'information sont animées par un tabacologue. Ensuite, nous constituons un groupe de 8 à 12 personnes volontaires, pour 6 séances de deux heures. Des bilans sont dressés après 3 mois, 6 mois et 9 mois. Dans la préparation de ces groupes, il convient de tenir compte des métiers exercés. On n'aborde pas de la même façon des agents de la SNCF qui travaillent en horaires décalés et des jeunes salariés stressés d'un centre d'appels », détaille Olivier Herren, directeur de l'Anpaa 90.

Coopération

Pour le Dr Charles Brahmy, la condition du succès d'un accompagnement reste la coopération entre les différents acteurs de l'entreprise (médecin du travail, CHSCT, partenaires sociaux, direction générale et encadrement). Autre prérogative : toute démarche doit être précédée d'une action forte de communication interne portant, tout d'abord, sur la décision d'interdiction de fumer dans les locaux avant que celle-ci n'entre en vigueur, puis, dans un second temps, sur le sevrage proprement dit. « Début 2006, relate Didier Boiteux, chargé de prévention chez EDF/GDF Services Franche- Comté Nord (521 salariés), nous avons annoncé que nos locaux seraient non-fumeurs à partir du 4 septembre 2006. Une interdiction qui concerne aussi les véhicules de l'entreprise. Après avoir travaillé avec le CHSCT, nous avons réalisé une campagne d'affichage. Sur les 70 fumeurs (dont une majorité de jeunes embauchés), 28 se sont portés volontaires pour suivre un stage d'aide au sevrage. »

Coût de l'opération

Quant au coût d'une telle prestation, il reste extrêmement variable en fonction des actions diligentées (elles peuvent inclure, par exemple, des conseils diététiques), des prestataires et des entreprises concernées. « Nous prenons en charge 50 % du coût des substituts tabagiques, le salarié payant le reste. Il faut prévoir un budget d'environ 1 500 euros pour un groupe de 12 personnes, poursuit Didier Boiteux. Ce budget ne tient pas compte de l'absence du salarié, car les séances se déroulent sur le temps de travail. »

Chez Total, qui a accompagné 350 fumeurs de son siège de La Défense, le montant s'est élevé à 280 euros par personne, dont 80 à la charge du collaborateur. Bon à savoir : la démarche peut être financièrement aidée par les mutuelles et autres institutions de prévoyance. J.-F. R.