Depuis les années 1970, la France n'en finit pas de se débattre avec le problème du chômage. Mais le phénomène a beau être massif et récurrent, les chômeurs semblent rester dissimulés aux regards, comme une part d'ombre de notre société.

L'objectif du livre de Didier Demazière, sociologue au CNRS, directeur du laboratoire Printemps à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, est d'éclairer ce continent noir en mobilisant, pour ce faire, les outils de la sociologie, de la statistique et de l'ethnologie.

Mais, au-delà des chiffres et des mots, ce que l'auteur cherche à saisir est la complexité humaine des situations de ceux qui ne peuvent se prévaloir ni de revenus ni, surtout, de l'identité de travailleur qui paraît aujourd'hui au fondement même de l'identité personnelle et collective.

Cinq éclairages successifs sont proposés. Une mise en perspective historique, une exploration des indicateurs statistiques, une analyse des caractéristiques de la population au chômage, un examen des logiques de l'action publique et, enfin, une exploration des significations de l'expérience chômage.

Il ressort, au terme de ce parcours, que les distinctions entre les chômeurs et les «autres» sont de plus en plus brouillées. Ce n'est pas le moindre des paradoxes du chômage, qu'à mesure qu'il progresse, on soit de plus en plus en peine d'en dessiner les limites précises.