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Enquête

«Prêts» de techniciens à Airbus

Enquête | publié le : 05.09.2006 | Rodolphe Helderlé

Pour faire face à une baisse d'activité cyclique, l'activité satellite d'Alcatel, implantée à Toulouse, va détacher dix techniciens chez Airbus. L'expérience n'est pas une première pour la DRH d'Alcatel Alenia Space, qui considère que la gestion des emplois doit dépasser le strict cadre de l'entreprise.

Le détachement, qui figure dans l'avant-projet de loi sur la participation, est déjà une réalité chez Alcatel Alenia Space. Le 20 avril 2006, l'ensemble des organisations syndicales ont signé un accord donnant la possibilité aux salariés de l'établissement toulousain de travailler chez Airbus, sans que cela soit considéré comme du prêt de main-d'oeuvre.

Favoriser la mobilité de certains salariés

L'objectif ? Favoriser la mobilité de certains salariés alors que l'entreprise connaît une baisse d'activité. Concrètement, dix postes de technicien en charge des tests dans les cockpits sont proposés par Airbus aux salariés d'Alcatel Alenia Space. Une première vague de cinq volontaires est en poste depuis début septembre pour une durée de douze mois. Les cinq autres techniciens devraient suivre rapidement.

Contrat de travail inchangé

Leur contrat de travail reste inchangé. Ils travaillent, certes, pour le compte d'Airbus et relèvent de l'autorité hiérarchique de la société de détachement, mais sont toujours rémunérés par Alcatel Alenia Space, sur la même base qu'avant. Les heures supplémentaires et le travail le dimanche sont, ainsi, indemnisés selon les règles de la société d'origine.

Un avenant vient préciser les conditions du détachement en insistant sur le suivi des salariés détachés par la hiérarchie et la DRH d'origine. Ne serait-ce que pour prendre en compte l'évaluation de la performance faite par le management d'Airbus.

Les salariés détachés restent éligibles au plan de formation d'Alcatel Alenia Space. C'est, en revanche, Airbus qui a pris à sa charge les deux mois de formation nécessaires pour que les techniciens d'Alcatel soient opérationnels.

Prérequis identiques

« Airbus n'a fait aucune présélection des candidatures. Aucune n'a été refusée. Les métiers sont certes différents, mais les prérequis fondés sur la rigueur sont les mêmes. Il faut identifier des compétences communes dans les métiers des deux employeurs pour générer une indispensable confiance réciproque », souligne Jérôme Noyer, DRH de l'établissement. Une confiance d'autant plus nécessaire qu'Airbus s'engage à ne pas débaucher les salariés au terme du détachement.

Formation et certification

L'expérience n'est pas vraiment nouvelle pour la filiale spatiale d'Alcatel. En 2003, 26 techniciens de l'ex-branche satellite de Motorola, implantée à Toulouse, avaient été accueillis, après avoir été formés et certifiés, entre six et huit mois chez Alcatel Alenia Space, qui connaissait alors une forte montée en charge. Motorola avait ainsi évité de recourir à du chômage partiel tout en récupérant l'ensemble de ses effectifs à l'issue du prêt.

C'est dans le cadre du «club des 10», un réseau local de DRH d'entreprises industrielles, que l'opportunité de ces conventions de prêt de personnel à but non lucratif est apparue entre des professionnels qui ne manquent pas de parler de leurs niveaux d'activité respectifs et des compétences transverses de leurs salariés.

Partage des compétences

Selon Jérôme Noyer, « cela a un sens de partager des compétences et d'avoir une vision de l'emploi qui dépasse le strict cadre de l'entreprise. Le prêt de personnel est un levier parmi d'autres pour amortir les baisses de charge ».

Le sujet est, en tous les cas, clairement à l'ordre du jour de l'association RED (Réseau emploi durable), créée au printemps 2006, qui cherche à susciter des échanges entre des DRH de grandes entreprises et des dirigeants de PME sur la gestion de l'emploi dans le bassin toulousain. Et ce, avec la participation d'un cabinet de recrutement (Menway), d'un cabinet d'avocats (Barthélémy) et de la Direction départementale de l'emploi.

Alcatel Alenia Space

> Activité : satellites.

> Effectifs : 7 000 salariés dans 4 pays (France, Italie, Espagne et Belgique).

> Chiffre d'affaires 2004 : 1,8 milliard d'euros.

Auteur

  • Rodolphe Helderlé