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Les Pratiques

Le service public reclasse les frontaliers d'Alsace

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 29.08.2006 | Christian Robischon

Un programme européen reconstitue le parcours professionnel et aide au reclassement des salariés qui se retrouvent au chômage après avoir effectué toute leur carrière en Allemagne.

En marge du marché du travail lorsqu'ils vivaient le plein-emploi, les frontaliers alsaciens le restent à présent qu'ils viennent grossir le rang des chômeurs - ils étaient 4 100 à pointer, fin 2005, aux Assedic. « Nous ne les connaissons pas bien. Ils sont partis jeunes et sans qualification travailler en Allemagne ou en Suisse, où ils ont fait toute leur carrière sans formations autres que ponctuelles, et parfois pendant trente ans avant de perdre leur emploi. Ils ne peuvent produire qu'un certificat d'employeur décrivant leurs postes successifs. Tout cela amène souvent l'ANPE à les classer en catégorie «divers». Difficulté supplémentaire, ils recherchent en priorité des CDI, et dans l'industrie », expose Elisabeth Eschenlohr, directrice du GIP-FCIP Alsace. Cette structure de la Délégation académique à la formation continue (Dafco) pilote la première réponse concrète : le programme européen Equal «Accompagner le retour vers l'emploi», dans la région de Haguenau (Bas-Rhin), rassemble l'ANPE, la DDTE, les Assedic, le conseil régional et le réseau transfrontalier Eures de conseil en droit du travail.

Bilan positionnement

Dans un espace dédié, chaque frontalier volontaire suit un «bilan positionnement» de dix heures, où une série d'entretiens individuels recense ses motivations et reconstitue son parcours professionnel. L'ANPE lui propose ensuite un «accompagnement personnalisé vers l'emploi» qui peut inclure la rédaction de CV et de lettres de motivation (en français ou en allemand), les ateliers de recherche d'emploi, un bilan de compétences, des formations ainsi que la recherche de leurs compétences transversales et la VAE, « deux dispositifs bien adaptés à leur profil », selon Vincent Horvath, de la DDTE du Bas-Rhin.

Ainsi, à Haguenau, 56 ex-travailleurs frontaliers sur 208 identifiés sont entrés, à fin mai, dans tout ou partie de ces parcours. L'objectif consiste à leur retrouver un travail, ou, au moins, un début de solution, dans un délai de trois mois. Il ne paraît pas irréaliste : en 2004, l'Agefos-PME avait recensé 84 entreprises de ce bassin d'emploi ayant récemment embauché des ex-frontaliers.

Obligation de résultat

Le service public de l'emploi, désormais soumis à la concurrence, fait face à une obligation de résultat, d'autant plus que l'investissement public a été conséquent : le programme Equal se monte à 1,28 million d'euros, dont 50 % de fonds européens. L'expérimentation de Haguenau va être reproduite à l'automne dans le bassin d'emploi de Strasbourg pour un public potentiel de 600 frontaliers. Elle y associera davantage la partie allemande, en l'occurrence l'Arbeitsagentur (équivalent de l'ANPE) d'Offenburg pour produire une analyse transfrontalière du marché de l'emploi et fournir une liste précise d'offres. L'étape suivante se situerait à Saint-Louis, au sud de la région.

Auteur

  • Christian Robischon