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Des opérateurs privéstoujours plus présents

L'actualité | L'événement | publié le : 11.07.2006 | Anne Bariet

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Des opérateurs privéstoujours plus présents

Crédit photo Anne Bariet

Le bureau de l'Unedic a décidé d'étendre le reclassement des chômeurs par des sociétés privées. Quelque 46 000 nouveaux demandeurs d'emploi devraient être accompagnés à partir de septembre.

Les vacances seront probablement raccourcies pour les opérateurs privés (cabinets de conseil, sociétés de travail temporaire, entreprises de réinsertion...) chargés du reclassement des demandeurs d'emploi. Le bureau de l'Unedic a, en effet, décidé, le 5 juillet, d'étendre les expérimentations de placement. Quelque 46 000 nouveaux chômeurs devraient être concernés par un accompagnement personnalisé. Un appel d'offres sera lancé au bulletin officiel de l'Union européenne, avec clôture des offres fixée au 18 août. C'est le 8 septembre que l'Unedic choisira ses candidats.

Aide personnalisée

D'ores et déjà, les opérateurs sélectionnés, depuis 2005, pour la première expérimentation, Ingeus, Adecco, BPI-Altedia et l'Apec, en charge, au total, de 10 000 chômeurs, sont dans les starting-blocks. Même si, cette fois, la donne sera un peu différente : les demandeurs d'emploi se verront proposer une aide personnalisée pendant six mois (contre neuf actuellement), assortie d'un suivi de trois mois en cas de retour à l'emploi. La rémunération du prestataire sera conditionnée à la réussite du placement : 30 % à l'accueil de la personne ; 35 % à la signature d'un CDI ou d'un CDD d'une durée minimale de six mois ; et 30 % s'il est constaté une ancienneté continue de six mois dans la même entreprise.

« 70 % des demandeurs d'emploi suivis retrouvent un emploi en 4,5 mois, indique Jean-Luc Ficarelli, directeur régional d'Adecco. Ces nouvelles règles sont donc compatibles avec les objectifs d'accélération de retour à l'emploi. » Même constat du côté d'Ingeus, qui revendique un taux de reclassement de 75 %.

Ce coup d'accélérateur se fonde, en fait, sur le premier bilan réalisé, fin mai. Depuis 2005, 7 013 chômeurs ont bénéficié, pendant environ neuf mois, d'une aide à la recherche d'emploi plus poussée que celle de l'ANPE.

Un retour à l'emploi plus rapide

Quels sont les résultats ? Le retour à l'emploi des bénéficiaires de l'expérience semble plus élevé et plus rapide que la moyenne. Parmi les participants, 53,7 % ont retrouvé un emploi au bout de six mois et 68,5 % au bout de dix mois, alors que le taux d'accès à l'emploi pour un chômeur «moyen» n'est que de 49,3 % à six mois et de 68,4 % à douze mois. Les contrats sont à temps plein dans 98 % des cas.

Deux enquêtes Ipsos montrent que le niveau de satisfaction globale est d'environ 87 %. La personnalisation de la relation avec le conseiller est l'aspect le plus apprécié. Autre enseignement : 60 % des placements correspondent à des offres d'emploi qui n'avaient pas été déposées à l'ANPE. « Le point fort, c'est le positionnement dans l'emploi, convient Bernard Krynen, directeur associé d'Altedia, chargé de reclasser 560 demandeurs d'emploi. Nous avons insisté sur la prospection. »

Economies

Selon l'Unedic, ces expérimentations ont permis de dégager 24 millions d'économies. Le régime paritaire part de l'hypothèse selon laquelle les 7 013 personnes accompagnées auraient utilisé la totalité de leurs droits à l'assurance chômage (23 mois dans le cas général). Soit 128 millions d'euros d'indemnisation. Grâce à un reclassement plus rapide, cette charge est ramenée à 81 millions d'euros. L'économie d'indemnisation est donc de plus de 47 millions d'euros. Le coût total de l'accompagnement est estimé, lui, à 23 millions d'euros. Le gain net revient à 24 millions d'euros, soit, en moyenne, 3 420 euros par allocataire. L'Unedic précise que cette approche financière doit être consolidée par un bilan mesurant, entre autres, les véritables effets de substitution.

Contestations

Cette économie de 24 millions d'euros est, toutefois, contestée par la CGT et FO. « Le postulat de départ, à savoir que les demandeurs d'emploi auraient touché la totalité de leurs droits, est faux », s'alarme Jean-Claude Quentin, de FO. A ses yeux, le bénéfice net serait d'à peine un million d'euros. Il s'étonne, par ailleurs, du montant versé aux opérateurs privés. Selon ses calculs, la société Ingeus, chargée de reclasser 6 000 demandeurs d'emploi, à Lille et à Rouen, ferait dans cette opération un bénéfice de 10 millions d'euros. Il reproche, ainsi, la rémunération aux résultats de ces opérateurs, qui les conduit à se focaliser sur le court terme plutôt que sur la recherche d'un emploi «durable».

De même, pour Eric Aubin (CGT), « l'efficacité de ces expérimentations reste à prouver, le reclassement se faisant par intérim, dans certains cas ». Prudente également, la CFTC juge qu'il « ne faut pas abandonner ces expérimentations tant que l'ANPE n'est pas en mesure d'assurer une meilleure qualité de service », le recours au privé devant « rester du domaine de l'expérimentation » pour servir de «boîte à idées» à l'ANPE.

Ces critiques sont partagées par la Fédération nationale des Urof (Unions régionales des organismes de formation), qui dénonce le coût exorbitant de ces démarches. Elle remet également en cause les «bons» résultats du reclassement. « Les nouveaux chiffres, explique Roland Bourglan, président de la fédération, annoncent, après dix mois d'action, 68,5 % de placements. Cependant, rapportés aux normes ANPE (CDI ou CDD de 6 mois minimum), ce chiffre retombe à 38 %, soit nettement en dessous des résultats des prestations de l'ANPE, qui, en trois mois seulement, reclasse des publics en plus grande difficulté et pour des rémunérations d'opérateur six fois moins importantes. »

Evaluation plus précise

Les trois organisations posaient plusieurs préalables avant de transformer l'essai : une évaluation plus précise, un nouveau mode de financement pour les opérateurs privés et, surtout, l'attribution de labels pour les organismes, après un audit garantissant le sérieux des pratiques. Des revendications qui sont, malgré tout, restées lettre morte.

Sans attendre, l'Unedic avait, d'ailleurs, décidé, lors du dernier bureau, le 24 mai, de prolonger deux expérimentations : chez Altedia, 400 nouveaux demandeurs d'emploi vont être accueillis d'ici au mois d'octobre. Adecco reçoit, de son côté, depuis début juillet, 1 350 personnes pendant seize mois. Quant à Ingeus, le contrat court jusqu'en février 2007.

Taux d'accès à l'emploi

Au cours des 3 premiers mois 30,6 %

Au cours des 6 premiers mois 53,7 %

Au cours des 8 premiers mois 62,4 %

(dont BPI 74 % ; Altedia, 59 % ; Ingeus, 59 % ; Adecco, 75 % ; Apec, 57 %)

Au cours des 10 premiers mois 68,5 %

SOURCE : UNEDIC

Auteur

  • Anne Bariet