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Socopa met en scène la sécurité au travail

Les Pratiques | Point fort | publié le : 04.07.2006 | Jean-François Rio

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Socopa met en scène la sécurité au travail

Crédit photo Jean-François Rio

La branche industrielle de Socopa, entreprise spécialisée dans la découpe et la commercialisation de viandes, a fait appel au théâtre pour traiter de la sécurité au travail.

Une émission de télévision, des acteurs interprétant des journalistes, des fausses pages de pub... En avril dernier, RécréAction, une société parisienne spécialisée dans le théâtre d'entreprise, s'est installée pendant quatre jours sur le site de Socopa à Villefranche-d'Allier. Sa mission ? Bâtir des saynètes humoristiques, voire franchement caricaturales, autour des notions de sécurité et d'hygiène au travail.

D'une durée d'environ trente minutes, la pièce balaye différents sujets, allant du port des équipements de protection individuelle aux bons gestes et postures en passant par la chasse aux corps étrangers (piercings, bijoux...) et la responsabilisation de chacun face aux enjeux de la sécurité. Objectif des acteurs : provoquer un «électrochoc» afin d'agir sur les comportements des salariés de la branche industrielle de Socopa, entreprise de 7 500 collaborateurs, spécialisée dans la découpe et la commercialisation de viandes (marque Valtero).

Semaine de la sécurité

Après l'usine auvergnate de Villefranche-d'Allier, première étape de la tournée, la troupe de RécréAction s'est rendue, le 21 juin, à Bonneville, en Haute-Savoie, puis s'en ira à La Ferthé-Bernard (Sarthe), à L'Isle-sur-Sorgue (Var) et, avant la fin de cette année, à Eloyes (Vosges). Au total, un marathon d'une cinquantaine de représentations au service de la prévention, touchant les 3 500 collaborateurs de ce département du groupe d'agroalimentaire.

Dans chacun de ces sites, la prestation théâtrale s'inscrit dans le cadre d'une «Semaine de la sécurité» initiée par Yannick Pelletier, DRH de la branche industrielle de Socopa, qui a investi 60 000 euros dans cette opération. « Après avoir mené depuis quatre ans, souligne-t-il, une politique active d'amélioration des conditions de travail et de prévention des accidents et maladies professionnels, nous nous sommes aperçus que notre action atteignait ses limites. Il fallait inventer autre chose, si possible en créant l'événement. »

Gravitant autour de quatre thématiques - sécurité au travail, santé au travail (les maladies professionnelles) ; accidents de trajets ; hygiène en milieu alimentaire -, cette «Semaine de la sécurité» repose, outre le temps fort constitué par la pièce, sur des ateliers (de quinze minutes chacun) animés par des salariés de l'entreprise, des médecins du travail et des infirmières de la Mutualité sociale agricole. De plus, pompiers et gendarmes sont, à chaque fois, sollicités pour des interventions sur la sécurité routière. « Nous enregistrons, chaque année, entre 10 et 15 accidents de trajet, généralement en hiver, précise le DRH. Mais nous sommes aussi confrontés à des retraits de permis, ce qui est très préjudiciable car la majorité de nos salariés ont besoin de leur véhicule pour se rendre au travail. »

Relayer en interne

Par groupes de plusieurs personnes, les salariés des cinq sites concernés quittent, durant environ deux heures, leur poste de travail pour suivre ces animations. « En matière de santé et de sécurité, avance Yannick Pelletier, la part du comportement est prépondérante, même si celle-ci reste difficile à appréhender. C'est pour cela que nous avons voulu mettre en scène les attitudes comportementales en souhaitant, grâce au décalage apporté par le jeu des acteurs et le scénario, susciter des réactions. Le bilan de la semaine effectuée à Villefranche-d'Allier est, à ce titre, positif. Certains salariés ont apprécié, d'autres non, mais elle n'a laissé personne indifférent. A nous, désormais, de bien la relayer en interne. Le message ? Chaque collaborateur, quelle que soit sa place dans la hiérarchie, doit être responsable de sa propre sécurité mais aussi de celle des autres. »

Consacrant 1,5 % de sa masse salariale à la prévention des risques, la branche industrielle de Socopa reste une bonne élève. Dans un secteur d'activité à forte pénibilité, elle a affiché, l'an dernier, des taux de fréquence (1) oscillant entre 29 pour le meilleur de ses sites et 75 pour le moins bon, alors que la profession a enregistré, en 2004, un indice de fréquence de 122 (voir graphique).

Après avoir recruté, en 2001, un animateur santé-sécurité, l'entreprise a déployé un programme de prévention mêlant sessions de formation, groupes de travail participatif, aménagement des postes de travail, recours à des ergonomes et à des kinésithérapeutes... Une stratégie payante puisque, après une période où elles se sont littéralement envolées, les maladies professionnelles sont, depuis, en baisse régulière.

Dans le site sarthois de Socopa, elles ont, par exemple, diminué de 20 % entre 2004 et 2005. La direction a aussi fait ses comptes : selon Yannick Pelletier, le coût d'un accident du travail (maintien du salaire, frais médicaux, remplacement...) s'élève, en moyenne, à 10 000 euros. « Il est clair qu'une politique de prévention est rentable en termes de productivité. Elle a aussi un impact positif sur le climat social. »

Des risques encore importants

« Socopa fait des efforts en matière de sécurité, les accidents du travail ayant pour origine des coupures ont, par exemple, sensiblement diminué », reconnaît Maryse Bougerol, la secrétaire, CGT, du CHSCT du site de Villefranche-d'Allier. Tout n'est pas rose pour autant. Les troubles musculo-squelettiques (TMS), pathologies endémiques de la filière viande, constituent 95 % des maladies professionnelles déclarées dans cette entreprise. « A la chaîne, le matin, les risques de TMS sont les plus importants car les muscles sont froids. La direction devrait prévoir un temps pour un échauffement musculaire avant la prise de poste », réclame-t-elle. Autre problème soulevé par les représentants du personnel : le recours à l'intérim. « Un opérateur permanent doit mettre les bouchées doubles pour compenser le manque de productivité d'un travailleur temporaire, avec les risques que cela comporte. Quant à l'intérimaire, par nature inexpérimenté, il reste très exposé aux accidents. »

(1) Nombre d'accidents du travail donnant lieu à un arrêt pour un million d'heures travaillées.

L'essentiel

1 La branche industrielle de Socopa, entreprise spécialisée de découpe de viandes, organise, cette année, sur ses cinq sites de production, une «Semaine de la sécurité».

2 En point d'orgue : une pièce de théâtre volontairement décalée mettant en scène la santé-sécurité au travail. Objectif : agir sur le comportement des salariés.

3 Bonne élève dans une filière à forte pénibilité, l'entreprise a réussi à réduire le nombre des maladies professionnelles.

Auteur

  • Jean-François Rio