L'animation territoriale est la clé du développement des compétences en PME. C'est avec cette conviction que la CCI d'Armentières-Hazebrouck (CCIAH) construit, depuis 2000, une approche RH innovante pour le compte des 3 800 entreprises de sa circonscription. En charge du développement des services RH, Hervé Molin répète à l'envi que « le territoire est l'espace privilégié pour mettre en oeuvre des politiques pragmatiques de développement des compétences des PME et intégrer les différents dispositifs d'aides issus de la décentralisation ». Une affirmation loin d'être évidente à l'époque.

Pour donner corps à cette hypothèse, la CCIAH s'est d'abord attachée à réunir les différents acteurs publics et privés de l'emploi et de la formation pour travailler de concert. Dans le même temps, une écoute attentive des dirigeants d'entreprise a permis de cerner leur préoccupation principale - l'alternance. Dès 2001, naissait la première bourse territoriale dédiée à l'apprentissage, une plate-forme Internet qui fédère les demandes. En 2005, cinq ans après sa création, cette bourse affichait environ 200 offres et 400 CV. Et les actions communes se multiplient, notamment entre CFA. Fort de ce succès, l'outil devrait être adopté par la CCI voisine de Saint-Omer et pourrait donner naissance à un portail régional qui consoliderait plus de 1 000 offres et 600 CV.

Convaincue par cette première démonstration, la CCIAH décide, début 2004, de franchir une étape supplémentaire en élargissant sa démarche au champ du développement des compétences. A l'heure où la décentralisation s'accélère, décision est prise de créer une dynamique locale sur les compétences, qui soit partagée par l'ensemble des acteurs (ANPE, Afpa, Assedic, DDTEPF, conseils général et régional, mission locale, municipalités).

Pour poser les fondations d'un futur service RH territorial, la CCIAH part sur le terrain interroger 40 dirigeants de PME afin de connaître leurs attentes et la perception qu'ils ont des dispositifs déjà en place. Après un an de travail, le document de synthèse préconise la mise en place d'un nouvel outil qui, grâce à un meilleur partage de l'information, valorise l'offre existante en cernant au plus près les besoins de l'entreprise.

Pour réaliser ce travail d'enquête, la plate-forme, baptisée Flandre RH, dispose d'un budget de 70 000 euros provenant du Fonds social européen (50 %) et de l'Etat, via le concours de la DDTEPF (20 %). Un chargé de mission est recruté pour auditionner, sur l'année 2005, les 492 sociétés de 8 à 50 salariés du territoire. Objectif : répondre individuellement à leurs demandes. « On ne va pas voir une entreprise pour lui vendre tel ou tel dispositif, insiste Hervé Molin. On part à sa rencontre avec l'ensemble des offres, mais on ne lui présente que celles qui correspondent à sa problématique. On se met à sa disposition, comme un service RH interne. »

350 entreprises font part de leurs besoins en répondant à une check-list envoyée par la CCIAH. La situation de 250 d'entre elles fait l'objet d'échanges approfondis avec le chargé de mission, et plus de 150 d'entre elles reçoivent la visite du représentant d'un des partenaires pour le traitement de leur demande. Pour garantir le succès de l'opération, un debriefing quantitatif et qualitatif réunit, chaque mois, les partenaires.

Une fois encore, le concept de la CCIAH fait école, puisque la CCI de Cambrai a décliné le même dispositif en septembre dernier. Pour 2006, la CCIAH transpose sa démarche sur les 3 200 entreprises de moins de 8 salariés de son territoire, avec une méthodologie d'approche adaptée.

Parallèlement à la mise en place de la plate-forme RH, la CCIAH est allée au bout de sa logique en créant un centre de ressources et de prospectives sur le métier de dirigeant de PME. « Il ne s'agit évidemment pas de délivrer un quelconque «diplôme» de chef d'entreprise, mais de réfléchir à plusieurs sur la signification du «métier» de dirigeant, une fonction trop souvent méconnue et dont le rôle est de plus en plus exigeant et difficile », insiste Hervé Molin, responsable du service RH de la CCI.

Avec la participation de consultants et d'universitaires, la démarche a d'abord pris la forme d'un vaste colloque sur le métier de dirigeant de PME, dont les travaux ont servi à alimenter un site Internet.

Interpellé par ce discours, l'observatoire des PME (groupe Ose) a ensuite permis la publication d'un ouvrage sur le même thème. Plus concrètement, la CCI propose, depuis le début de l'année, un outil (sous la forme d'un questionnaire) sur l'évaluation et le développement des compétences de la fonction de chef d'entreprise.