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L'actualité

Première étude sur le recensement ethnique

L'actualité | publié le : 04.07.2006 | EMMANUEL FRANCK

Dans une étude rendue publique le 3 juillet, l'Institut national des études démographiques (Ined) a testé trois méthodes d'identification des origines des populations afin de mieux lutter contre les discriminations.

Pour la première fois en France, une étude, réalisée par l'Ined*, recourt à la notion de «catégorie ethno-raciale». Menée par Patrick Simon et Martin Clément, elle part du postulat que « pour lutter contre les inégalités de traitement liées aux origines, il faut les mesurer et, pour les mesurer, il faut identifier les origines ».

Trois méthodes testées

Les deux chercheurs ont envoyé un questionnaire à 1 327 salariés et étudiants, proposant trois méthodes d'enregistrement des origines, puis ont recueilli leurs réactions. La première méthode consiste à demander la nationalité du répondant et celle de ses ascendants jusqu'aux grands-parents. La seconde leur pose la question : «vous diriez-vous d'origine...», à laquelle ils peuvent répondre par des zones géographiques (Afrique, Maghreb...) ou des pays. Enfin, on leur demande s'ils se considèrent comme «Blanc», «Noir», «Arabe ou Berbère»...

Les réactions les plus attendues sont, bien sûr, celles liées à la proposition de catégorisation ethno-raciale. Il s'avère qu'elles sont très contrastées selon les catégories. Dans leur ensemble (94 %), les enquêtés ont accepté de répondre aux questions. Mais avec plus de réticences (28 %) chez les personnes se considérant comme Arabes ou Berbères que chez les «Blancs» (moins de 10 %) et les «Noirs» (un peu plus de 10 %).

Les réticences sont encore plus importantes quand les enquêtés doivent réagir à l'utilisation des méthodes d'identification dans des situations concrètes : en entreprise, dans des administrations... Un tiers est hostile à l'enregistrement ethno-racial dans le fichier du personnel. Le rejet culmine à 52 % chez ceux qui se considèrent arabes ou berbères.

Réticences plus fortes selon les catégories

Les réticents ne représentent plus qu'un quart des personnes lorsqu'on offre des garanties dans l'utilisation des fichiers. Mais, même dans ce cas, les écarts entre catégories demeurent : 37 % des «Arabes ou Berbères» sont hostiles à la catégorisation ethno-raciale, contre 21 % des «Noirs» et 25 % des «Blancs». « L'existence de ce noyau de refus rend pour l'instant très problématique l'adoption d'un tel enregistrement », écrivent les auteurs.

La plus forte réticence des «Arabes ou Berbères» à être catégorisés s'explique, selon Martin Clément, par le fait que ces personnes « espèrent qu'en échappant au marquage ethnique, elles échappent à la discrimination ». Une stratégie que n'ont pas à adopter les «Blancs» parce qu'ils « ne sont pas concernés par la discrimination », ni les «Noirs», « qui savent qu'ils ne peuvent échapper au marquage ethnique ».

* In Population & Sociétés. Etude réalisée entre novembre 2005 et mars 2006 auprès des salariés et étudiants de sept entreprises, de trois universités, d'un IUFM, et d'une collectivité locale.

Du 3 au 5 juillet

Marseille. L'école de management de Marseille, Euromed, avec Monster, organise «L'université des recruteurs». Au programme, des conférences, dont «Diversité et discrimination, quel cadre juridique, quels enjeux pour les recruteurs ?». De nombreux ateliers seront proposés par des experts du recrutement, dans lesquels interviendront des recruteurs d'entreprises.

04 91 82 78 00.

Du 5 au 6 juillet

Paris. Tremplin Entreprises, coorganisé par le Sénat et l'Essec, permettra à des entrepreneurs de rencontrer des investisseurs nationaux et internationaux susceptibles de financer leur projet innovant.

<www.tremplinentreprises.com>

Du 7 au 10 juillet

Hammamet (Tunisie). Le 14e congrès de l'Association de psychologie du travail de langue française (AIPTLF), intitulé «Psychologie du travail et développement des personnes et des organisations», proposera de nombreux ateliers autour de thèmes tels que «Psychologie et conditions de travail : contraintes et développement», ou «Développement des méthodes et des modes d'intervention»...

<www.asso.univ.poitiers.fr/aiptlf/>

Le 11 juillet

Rennes. L'ESC Rennes, avec la Commission européenne, propose une table ronde intitulée «Quelles solutions pour les seniors face au travail ?», qui réunira des experts du sujet : le Pdg de Catalys Conseil, le fondateur du cabinet Symaxe et un consultant de Quincadres, en présence de nombreux DRH et seniors.

06 67 29 16 63.

< http ://seniors.blogspirit.com >

Réactions de Samuel Thomas (SOS Racisme)

Même si l'enquête de l'Ined veut lutter contre les discriminations, l'introduction d'un outil de comptage ethno-racial ne fait pas l'unanimité chez les antiracistes. Pour Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, « il n'y a pas besoin de ces statistiques pour savoir qu'il existe des discriminations ». Il estime, en outre, qu'elles seraient contre-productives, car « à chaque fois qu'on a pris en compte les origines, cela a entraîné des discriminations supplémentaires ». « Je n'ai aucune confiance dans le fait qu'une entreprise prenne en compte les origines pour le bien des salariés », explique-t-il.

Par ailleurs, il estime que l'institutionnalisation de catégories ethno-raciales aurait deux conséquences néfastes. D'une part, cela créerait des « sous-catégories de Français à la recherche de droits dont l'importance serait fonction de leur poids statistique ». D'autre part, « ceux qui appartiennent aux sous-catégories se déprécieraient et, in fine, perdraient leur capacité à trouver du travail ».

Enfin, il pense que ce type de statistiques contrevient aux règles européennes.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK