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Enquête

« Faire jouer l'exemplarité »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 04.07.2006 | G. L. N.

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« Faire jouer l'exemplarité »

Crédit photo G. L. N.

E & C : Peu d'entreprises, pour l'heure, affichent de bonnes pratiques en matière de gestion des seniors, alors que le retournement démographique est annoncé et l'allongement des carrières inéluctable. Pourquoi, selon vous ?

B. Q. : Beaucoup d'entreprises font de la gestion des âges sans l'afficher. Améliorer les conditions de travail ou mettre en oeuvre la formation tout au long de la vie n'est pas revendiqué comme une pratique de gestion des seniors. D'autre part, certaines entreprises ne souhaitent pas encore se mettre en avant sur ce thème : elles se situent dans une culture qui n'est pas majoritaire pour le moment. Enfin, il s'agit souvent de démarches complexes, longues, partenariales, qui sont donc en phase de démarrage.

E & C : Les prix décernés vont à des initiatives portant sur l'ergonomie, les carrières et la formation, la transmission des savoir-faire, ainsi que sur l'emploi et l'alternative au licenciement des seniors. S'agit-il là des principaux enjeux concernant les salariés âgés ?

B. Q. : Je crois que ce sont des enjeux pour toutes les générations dans l'entreprise. L'amélioration de l'ergonomie et des conditions de travail profite à tous les salariés. La formation est un sujet important : on dépense beaucoup en France pour des résultats souvent décevants par rapport à d'autres pays. Il y a urgence à adapter la formation aux âges, pour assurer l'employabilité et réduire le stress notamment. Quant à la réflexion sur la transmission des compétences, elle me semble primordiale : jusqu'à présent, les entreprises se sont focalisées sur un spectre d'âge réduit, allant de 30 à 50 ans. On peut espérer que ce spectre va s'élargir, notamment quand il faudra faire face à des pénuries de compétences. De ce fait, les écarts culturels pourraient s'accroître. Il est indispensable de travailler sur les relations intergénérationnelles, par exemple à travers un tutorat réciproque.

E & C : Vous avez fait partie des inspirateurs de l'accord sur l'emploi des seniors à l'origine du plan d'action gouvernemental. Permettrat-il cette révolution culturelle que le ministre Gérard Larcher appelle de ses voeux ?

B. Q. : Au-delà des mesures les plus médiatisées, comme le CDD senior ou la disparition de la contribution Delalande, beaucoup d'autres, comme l'entretien professionnel, la formation, l'appui au conseil, aideront les entreprises à préparer le retournement démographique. Mais je crois surtout que les mesures ne sont pas l'essentiel. Il ne faut pas instrumentaliser le plan. C'est avant tout une démarche concertée et innovante associant l'Etat, les syndicats et les employeurs. Concrètement, un comité de suivi permettra de suivre ce dispositif, d'en valider les étapes et d'y faire jouer l'exemplarité.

Auteur

  • G. L. N.