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Les Pratiques

Genentech mise sur le «temps discrétionnaire»

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.06.2006 | Caroline Talbot, à New York

Le laboratoire de biotechnologie californien Genentech encourage les recherches personnelles de ses 700 scientifiques, menées sur leur temps de travail. Ce temps discrétionnaire est un outil de recrutement et de fidélisation... souvent profitable.

Le laboratoire américain de biotechnologie Genentech laisse une certaine liberté à ses 700 chercheurs. Et ne cesse de s'en féliciter, car le pipeline des découvertes maison en profite. L'histoire de Napoleone Ferrara en est une belle illustration. Le jeune scientifique est arrivé en 1988 dans ce laboratoire californien lié au groupe suisse Roche. A l'époque, Napoleone Ferrara est censé étudier l'hormone Relaxin, qu'on pensait impliquée dans le système reproductif. Mais l'ancien étudiant de l'université de Californie était aussi très intéressé par les anti-angiogenesis, facteurs de croissance des tumeurs cancéreuses. Ce que Napoleone Ferrara aimait chez Genentech, se souvient-il sur le site Internet du laboratoire, c'est « sa souplesse et son atmosphère entreprenante ». Son nouveau patron lui permet de poursuivre ses recherches favorites sur les anti-angiogenesis en parallèle, dans le cadre du discretionary time, autrement dit, un temps discrétionnaire, pour explorer des projets plus personnels.

C'est ainsi qu'a été mis au point le médicament Avastin. Ce traitement, utilisé par les médecins contre les cancers du colon et du rectum, a décroché le feu vert de l'agence gouvernementale FDA (Food and Drug Administration) en 2004, et les ventes ont explosé.

Guère étonnant que la direction de Genentech soutienne et même encourage le développement du discretionary time. La politique maison se veut légère. Il suffit d'obtenir l'accord de son supérieur pour lancer son projet personnel. Et le scientifique décide lui-même du partage de son temps entre sa passion et les projets du laboratoire.

« Ce genre de mesure amène sur les lieux de travail excitation, passion et joie, apprécie la consultante en RH Allyson Lewis*. Or, c'est ce que les entreprises ont perdu. Le scientifique qui peut mener en marge ses propres recherches se sent valorisé. Il est plus fidèle. Il arrive à l'heure au bureau et s'il le faut, travaillera deux heures de plus pendant le week-end pour rattraper le temps perdu. »

Eviter les abus

Bien sûr, l'absence d'une règle du jeu précise pourrait entraîner des abus. Le groupe 3M et le moteur de recherche Google... qui, eux aussi, encouragent les projets personnels, ont tenu à limiter l'aventure. Chez Google, c'est 20 % du temps de travail, pas plus. Chez 3M, 15 %. La direction du personnel de Genentech préfère rester dans le flou. Ravie de se distinguer des petits laboratoires californiens qui, par souci d'économie, contrôlent plus lourdement la production de leurs chercheurs. La carotte discretionary time devient ainsi un puissant outil de recrutement et de rétention.

* Auteur de The Seven Minute Differences : small steps to big changes, Kaplan Publishing, 2006.

Auteur

  • Caroline Talbot, à New York