Le 6 juin, les salariés d'Alstom de La Courneuve (93) ont été conviés à une journée portes ouvertes pour fêter le redéploiement industriel. Le fabricant de matériel ferroviaire et d'équipements électriques confirme, ainsi, son retour en forme, avec trois années noires, de 2003 à 2006. Avec, à la clé, une réorganisation complète de l'entreprise : le passage d'une activité industrielle vers une activité de services, baptisée Power Service (maintenance, expertise, après-vente, formation, simulation d'installations). Toutes ces activités sont, aujourd'hui, basées à La Courneuve, après un regroupement des sites de Massy, Vélizy et Levallois. 550 personnes y travaillent.

Comment opérer ce changement de culture ? Tout d'abord, l'entreprise, acculée à des pertes annuelles récurrentes, n'a pas pu éviter 292 suppressions de poste. Après deux mois de grève, un PSE a été mis en place en 2003, comprenant 75 départs en retraite ou en préretraite, 109 mobilités internes et 105 reclassements externes. Trois personnes sont toujours en recherche de solution. Par ailleurs, plusieurs mesures visant à relancer la rentabilité ont été lancées : modulation horaire, organisation par équipes projet, révision des process... Le site historique de La Courneuve a été vendu, fin 2005, au fonds d'investissement Slough Estate. Alstom ne loue désormais qu'une petite partie du site et a déboursé 6 millions d'euros pour la réhabilitation des ateliers. D'autres entreprises, notamment des PME, devraient s'implanter prochainement sur l'espace laissé vacant par l'industriel.

Enfin, un plan d'accompagnement, signé par cinq syndicats, a été conclu, reposant sur trois volets : l'harmonisation des statuts, le devenir des CE dans une localisation unique, et les accords régissant les établissements concernés. « L'objectif est de créer une culture commune, avec un certain nombre de perspectives, assure Paul Moneyron, vice-président d'Alstom Power Service France. Nous entrons dans une phase de croissance. »

D'ores et déjà, de nouvelles activités de R & D ont été lancées, le centre de formation interne a été réorganisé. Le groupe a réactivé des politiques d'apprentissage et une soixantaine de recrutements, surtout de techniciens et d'ingénieurs, sont en cours.

Côté organisation, les opérateurs fortement qualifiés ont découvert la polyvalence et la mobilité. Un ouvrier peut exercer deux à trois métiers. Il peut aussi se déplacer sur des chantiers pour assurer la maintenance. Le changement ne se fait pas sans heurts. Selon Daniel Gorchon, secrétaire général adjoint de la CGT, « les conditions de travail se sont dégradées et les temps de transport ont été allongés. Peu de salariés ont profité du plan d'accompagnement pour déménager. » Une cinquantaine se sont, en effet, installés en Seine-Saint-Denis.