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Les Pratiques

Alstom remet sa GRH sur de bons rails

Les Pratiques | Point fort | publié le : 13.06.2006 | Jean-François Rio

Fort d'une rentabilité et d'une confiance retrouvées, le groupe d'énergie et de matériel ferroviaire déploie une nouvelle politique RH ambitieuse.

Après avoir fait le dos rond pour gérer les restructurations du groupe, la DRH d'Alstom a recouvré le goût d'une politique de gestion des ressources humaines offensive. PeopleQuest (lire p. 26), l'événement managérial de sa branche transport, illustre ses nouvelles ambitions : attirer, dans chaque pays, les meilleurs profils ; se reposer sur des managers de haut vol imprégnés de la culture d'entreprise et travaillant sur des processus communs ; disposer de centres d'excellence au service d'une efficacité collective.

Pour y parvenir, l'entreprise, dirigée par Patrick Kron, peut compter sur des finances enfin assainies. Après avoir échappé à la faillite, le groupe vient d'annoncer un résultat net positif de 178 millions d'euros pour l'exercice 2005 (clos le 31 mars dernier), après une perte de 628 millions d'euros. L'activité est également en hausse, avec un chiffre d'affaires en progression de 4 %. Recentré sur ses deux métiers phares (l'énergie et le transport) et fort de l'entrée du groupe de BTP Bouygues (1) à hauteur de 21 % dans son capital, Alstom se sent à nouveau pousser des ailes. Signe de ce regain de confiance : il distribuera, cette année, à chacun de ses salariés, douze actions gratuites. Une première dans l'histoire de l'entreprise.

Une personne recrutée pour trois départs

« La DRH était en première ligne pour réussir le redressement de l'entreprise, soulève Patrick Dubert, le DRH du groupe. Nous devions régler les urgences dans des délais très courts. Durant cette période, nous avons travaillé avec un pistolet sur la tempe. » Entre les cessions (la dernière concerne la vente d'Alstom Marine, et de son berceau, les Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire, au norvégien Aker) et les suppressions d'emploi, les effectifs ont fondu : de 100 000 collaborateurs en mars 2003, Alstom compte aujourd'hui 56 000 salariés. « Pour trois départs, nous avons embauché une personne », glisse Bruno Guillemet, le DRH d'Alstom Transport, recruté, comme Patrick Dubert, chez Danone.

Construction d'une culture commune

Cette période de vaches maigres semble révolue. L'an dernier, Alstom a engagé plus de 6 000 personnes, dont 2 000 cadres et ingénieurs. Résultat : les 500 premiers managers affichent une ancienneté inférieure à deux ans ! Pour mener cette entreprise «nouvelle» sur la voie de la réussite, la DRH s'est fixé une feuille de route copieuse. Au menu : la construction d'une culture commune (valeurs, modes de management) ; le développement des compétences et des carrières ; l'amélioration de la performance collective. « Nous oeuvrons, chaque jour, pour restaurer la confiance de nos clients et de nos salariés, et ce, dans la plus totale transparence. D'où le concept «Care for People» que nous diffusons à l'ensemble de nos managers dans le monde », évoque Philippe Mellier, le patron d'Alstom Transport.

Ce chantier RH a tout d'abord consisté à renouer les fils du dialogue social. Un avenant et un accord, sur les moyens du dialogue social et l'intéressement, ont été récemment paraphés par les syndicats. Dans la foulée, la DRH s'est attelée à réduire le nombre des accidents du travail. « Notre taux de fréquence, précise Bruno Guillemet, est passé de 22 en 2003, à 10 fin 2005, et nous espérons qu'il sera de 8,2 en fin d'année. Dans l'industrie, la sécurité au travail, c'est le socle de toute politique RH. »

Lancement d'une université virtuelle

Parallèlement, l'entreprise s'est dotée d'un nouvel SIRH, Alstom People System, fonctionnant sous PeopleSoft, afin d'harmoniser ses process RH. Puis, elle vient de retenir l'agence Publicis, chargée de peaufiner sa marque employeur. Autre temps fort : le lancement, en septembre prochain, de son université virtuelle, placée sous la responsabilité de Gérard Soyer, vice-président d'Alstom Learning Institute. Elle rassemblera la totalité des programmes de formation du groupe et sera la tête de pont des communautés de travail collaboratives.

Jugé pour exposition à l'amiante

Dans cette avalanche de bonnes nouvelles et de best practices, la seule fausse note est venue du tribunal correctionnel de Lille. Le 22 mai dernier, le procureur a requis la peine maximale de 75 000 euros d'amende contre Alstom Power Boilers, et un an de prison avec sursis à l'encontre de l'ancien directeur de l'usine de Lys-lez-Lannoy (59) pour mise en danger de la vie de 150 salariés exposés à l'amiante. «Amiante, Alstom : multinationale française racaille qui méprise les hommes et les lois de la République», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par des manifestants devant le tribunal lillois. Verdict le 4 septembre.

(1) Bouygues a racheté les parts que l'Etat avait acquises en 2004 pour sauver Alstom de la faillite.

Auteur

  • Jean-François Rio