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L'actualité

Charge de travail et cannabis au menu du congrès

L'actualité | publié le : 06.06.2006 | Chantal Féminier

L'augmentation de la charge de travail et les conduites addictives, en particulier celles liées au cannabis, figurent en tête des préoccupations des médecins du travail qui étaient, du 30 mai au 2 juin, réunis à Lyon pour leur congrès national.

Plus de 3 200 médecins, infirmières et autres acteurs de la santé au travail s'étaient donné rendez-vous à Lyon, où quelque 160 interventions ont permis de brosser un tableau actualisé de la médecine du travail. Cette dernière subit les évolutions d'une société où « le travail est devenu le comble de la performance individuelle », comme le remarque Reine Nakache, médecin-inspecteur du travail.

« La charge de travail est devenue le problème majeur, estime, de son côté, le Dr Pierre Choasson, président de la société de médecine du travail et d'ergonomie de Lyon et coorganisateur du congrès avec le Professeur Alain Bergeret (université Lyon-1). Les cadres travaillent dans l'urgence, au bureau, dans le TGV comme à la maison. »

Syndrome de la deuxième veste

Avec ce «présentéisme» apparaît le «syndrome de la deuxième veste», celle que l'on laisse le soir sur le dossier de sa chaise pour faire croire que l'on est toujours dans l'entreprise... Lorsqu'un salarié craque, « sa plainte s'exprime dans le cabinet du médecin de travail, le plus souvent sur le mode du conflit interpersonnel », analyse Philippe Davezies (Lyon-1). Or, derrière ces querelles de service qui provoquent arrêts maladie, dépression, désorganisation, se cache souvent un rapport affectif au travail, sous-estimé, voire nié.

Le 29e Congrès de médecine et santé au travail a, par ailleurs, mis l'accent sur un constat qui change la donne pour les acteurs de la santé au travail : « La consommation de cannabis est en train de reléguer la consommation d'alcool au second rang », annonce Paul Frimat, professeur en médecine de travail au CHU de Lille. Ce dernier a présenté les résultats d'une enquête conduite chez des chauffeurs de poids lourds du Nord-Pas-de-Calais : 8,5 % étaient positifs au cannabis, contre 5 % pour l'alcool, mais aussi 4,1 % pour les opiacés. « C'est un fait de société, analyse-t-il. Les 18-25 ans arrivent sur le marché du travail et, parmi eux, 20 % à 25 % sont des consommateurs habituels. »

Recommandations

Poussée à se prononcer au sein d'une commission conduites addictives en milieu professionnel, la Mildt* rendra, en juillet prochain, ses recommandations sur les bonnes pratiques à adopter face aux addictions. Pour le Dr Jean-Marie Eber, médecin du travail auprès d'intérimaires à Strasbourg, le dépistage systématique, autorisé seulement pour certains postes à risque, n'est pas la solution. « Celle-ci passe par un suivi individuel avec des visites rapprochées et, pour les consommateurs d'héroïne, le recours à la substitution qui, si elle n'est pas associée à d'autres produits d'addiction, n'est pas incompatible avec une poursuite d'activité. »

* Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie.

Auteur

  • Chantal Féminier