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Les Pratiques

La difficile reconversion des salariés de Romans

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 16.05.2006 | Florence Roux

Contrat de site, plate-forme pour 380 chômeurs : Romans (26) expérimente la reconversion, après plus de cent cinquante ans passés sous le règne de la chaussure.

Capitale mondiale de la chaussure de luxe ? Malgré son musée, les magasins d'usine de Marques avenue, les chausseurs Clergerie ou Jourdan, Romans semble vivre la fin d'un mythe ou, peut-être, le début d'une reconversion. La crise est ancienne. En plus de cent cinquante ans, la chaussure romanaise a compté jusqu'à 5 000 ouvriers au début du XXe siècle, 4 000 en 1974, un millier en 2000. Mais, l'été dernier a été un séisme. Le 22 août, Charles Jourdan, l'un des trois «derniers» éléphants, dépose son bilan. Son rachat, en octobre, par Finaluxe, sauve la société, mais 146 emplois sont perdus pour Romans. Quelques jours plus tard, Stéphane Kélian Productions (150 salariés), racheté en 2002 par Smalto, ferme ses portes dans des conditions contestées, qui ont déjà donné lieu à deux mises en examen en avril 2006.

Mesures exceptionnelles

La réaction est à la mesure du choc. Fin août 2005, à Romans, Jean-Louis Borloo, Gérard Larcher et François Loos promettent « des mesures exceptionnelles ». En octobre, un contrat de site est mis en oeuvre, sous l'autorité du sous-préfet Pierre Clavreuil, avec 8,53 millions d'euros de financement. Ses missions : favoriser l'attractivité du bassin en valorisant ses atouts et la reconversion des personnes. Avant la création, à venir, d'une maison pour l'emploi, une plate-forme du cuir a été tout de suite installée dans des locaux prêtés par la ville. Y adhèrent les anciens de Kélian (150), de Jourdan (106) et de leurs sous-traitants (24), plus les 106 chômeurs du secteur, licenciés avant août 2005. « Sept conseillers ANPE, sept consultants de BPI et une psychologue du travail de l'Afpa ont pour objectif d'en reclasser 80 % sur deux ans », annonce Pierre Clavreuil. Grâce à cette complémentarité, Catherine Bambini, coordinatrice de la plate-forme, détachée de l'ANPE, compte faire bien mieux que la précédente cellule, créée en 2003, qui n'avait pas dépassé les 20 % de reclassements.

Le cuir «dans la peau»

Fin avril, 37 personnes avaient retrouvé un CDI ; 17 étaient en CDD de plus de six mois ; 18 en formation de plus de six mois ; 36 en CDD de moins de six mois ; 27 en mission d'intérim ; 2 en création d'entreprise... « La reconversion reste difficile pour des personnes âgées de 45 ans en moyenne, dont 70 % ont, au maximum, un CAP, tempère Catherine Bambini. D'autant que les anciens de la chaussure de luxe ont le cuir «dans la peau», avec la fierté d'avoir «travaillé le python» ou produit des collections pour Lagerfeld. Beaucoup, même les plus jeunes, n'ont jamais eu à chercher de travail. » Sur le bassin, les opportunités «adaptées» ne sont pas légion, malgré la présence du géant Vuitton, d'entreprises agroalimentaires ou du producteur de combustibles nucléaires FBFC (qui a ouvert 30 contrats de professionnalisation). Mais le défi du contrat de site est d'en attirer d'autres.

Auteur

  • Florence Roux