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Enquête

Plus de rigueur... mais moins de transparence

Enquête | publié le : 16.05.2006 | Christelle Fleury

Suite à la reprise de Marionnaud par le groupe chinois AS Watson, l'organisation de l'entreprise a été complètement revue. Un changement qui semblait nécessaire, mais qui est difficile à digérer pour les salariés.

Le changement a été aussi soudain que radical. Jusqu'en 2005, les parfumeries Marionnaud étaient dirigées par Marcel Frydman, fondateur de l'entreprise vingt ans auparavant. L'organisation de la société reposait entièrement sur ce septuagénaire paternaliste, en qui les salariés avaient toute confiance : « Il supervisait tout, et rien ne pouvait être validé sans son accord », explique Florence Bourg, déléguée syndicale centrale Unsa.

Objectifs de rentabilité

Quand la gestion catastrophique de l'entreprise a été révélée, fin 2004, et qu'est venue l'heure du rachat, tout le monde a espéré que cette confiance ne serait pas mise à mal. Mais la société AS Watson, filiale du conglomérat Hutchison Whampoa, du milliardaire chinois (de Hong Kong) Li Ka-Shing, n'a pas caché ce qu'elle était : un grand groupe aux objectifs de rentabilité clairement affirmés.

Déménagement symbolique

L'une des premières actions de la nouvelle direction a marqué les collaborateurs : Marcel Frydman avait conservé ses bureaux dans un immeuble anonyme de Vincennes, avec pour seule inscription sur la sonnette, «La Parfumerie». Quelques mois après la reprise, le top management s'est installé dans un immeuble chic du 8e arrondissement de Paris. Ce déménagement est apparu comme un symbole de la nouvelle gestion : « On sent qu'il y a désormais une hiérarchie à respecter, explique Florence Bourg. Nous avions un patron, nous avons désormais un comité exécutif. »

Difficile de dire dans quelle mesure les changements intervenus depuis un an sont dus à la nationalité du repreneur. Le nouveau directeur général, Hugues Witvoet, n'a pas souhaité répondre aux questions d'Entreprise & Carrières. Ancien de l'Essec, il est habitué au fonctionnement des entreprises internationales, de L'Oréal au Mexique à LVMH en Asie. Il apporte à Marionnaud sa culture de grand groupe, mais il connaît les habitudes françaises. « La direction semble ouverte au dialogue, reconnaît Florence Bourg. Elle souhaite la paix sociale, car elle a une image de marque à faire passer. »

Mais les salariés ont déjà compris que les changements ne faisaient que commencer. Peu avant son départ, Marcel Frydman promettait qu'il n'y aurait pas de plan de licenciement suite à la reprise. Mais, en février dernier, la direction a annoncé le transfert de la gestion des vingt-cinq plates-formes logistiques du groupe à un sous-traitant.

Communication opaque

Sur les 450 emplois concernés, le sous-traitant ne devrait en reprendre qu'une centaine. Le nombre de reclassements en interne n'est toujours pas clairement défini. Même si la réorganisation semblait nécessaire, cette communication opaque choque les collaborateurs et leur fait peur pour l'avenir. Notamment en ce qui concerne le régime horaire particulièrement avantageux dont ils bénéficient : 33 heures de travail hebdomadaires sur quatre jours.

Florence Bourg explique que « la direction ne le remet pas explicitement en cause, mais on sent qu'elle mène une réflexion à ce sujet ».

Début 2005, la CFTC insistait sur le risque de démotivation qu'entraînerait le passage à cinq jours par semaine. La hiérarchie semble avoir tenu compte de la remarque. Mais, une fois que les salariés seront habitués à la nouvelle entité et qu'ils auront digéré le plan social, ils s'attendent à ce qu'elle remette en question certains acquis sociaux...

Marionnaud

> Activité : distribution (parfumerie).

> Effectifs France : 5 600 salariés.

> Chiffre d'affaires : 1,164 milliard d'euros.

> Implantations : 566 points de vente en France et 1 231 dans le monde.

Auteur

  • Christelle Fleury