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Les Pratiques

La Macif a soutenu la promotion des femmes

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 09.05.2006 | Christelle Fleury

Le projet Mutu'Elles pour l'égalité professionnelle à la Macif se termine à la fin de l'année. En trois ans, les femmes ont conquis des places dans les hautes responsabilités. Mais une question demeure : le mouvement engagé se transformera-t-il en tendance de fond ?

Ala Macif, voilà quatre ans, les femmes n'occupaient que 32 % des postes d'encadrement alors qu'elles représentaient plus de 60 % de l'effectif total. C'est pour leur permettre d'atteindre les postes à responsabilité qu'Anne Le Saux, conseillère du directeur général, Gérard Andreck, a lancé, fin 2002, le projet Mutu'Elles.

Grâce au système très rigide de grilles salariales, Anne Le Saux assure que les femmes ne souffrent quasiment pas d'inégalités de rémunérations : elle a donc porté son attention sur les promotions. Pour elle, le fait même « qu'il existe un projet qui montre une volonté forte de la direction est positif ». L'un des champs d'action concerne la féminisation des noms de poste. « Il est important d'écrire, dans les appels d'offres pour les postes en interne, qu'on recherche « un directeur ou une directrice de développement ». A ceux qui lui disent qu'il ne s'agit là que d'une mesure symbolique, elle répond que « la langue aussi est un moyen de faire passer les femmes dans l'ombre ».

Mais le projet Mutu'Elles ne se limite pas aux symboles. Dès 2003, 90 salariées ont participé à des séminaires pour partager leurs expériences, leurs difficultés et leurs espoirs. Stéphanie Benjamin, 32 ans, était alors cadre technique : « Après ces trois jours de discussions, nous étions beaucoup plus optimistes sur nos possibilités de carrière, se souvient la jeune femme. Par exemple, certaines nous ont montré qu'il était possible d'être à la fois manager et mère de famille. » Revenues dans leurs régions respectives (la Macif est découpée en onze zones géographiques), les participantes ont créé des groupes locaux. Stéphanie Benjamin est devenue pilote de celui de Centre Europe, en Alsace, qui compte actuellement dix-sept membres, dont deux hommes.

Echanges d'actions au niveau national

Chaque groupe met en place des actions qui sont ensuite échangées au niveau national. Celui de Centre Europe vient d'en lancer deux : une structure d'écoute pour les cadres - qui doit permettre aux managers d'échanger leurs expériences et leurs difficultés - et un guide pratique d'organisation des réunions. Il incite, entre autres, au respect des horaires, essentiel pour les parents qui doivent aller chercher leurs enfants à heure fixe.

Au niveau national, des coachings (une vingtaine de sessions sont prévues en 2006 pour plus de 200 personnes) et des formations à l'affirmation de soi ont également commencé. Stéphanie Benjamin en a bénéficié : « Certaines situations professionnelles, comme la tenue de réunions importantes, me mettaient mal à l'aise. Grâce à cette formation, j'ai pu prendre du recul. » Le mois dernier, la jeune femme a été promue chef de service adjointe. Elle gère, désormais, une équipe d'une vingtaine de personnes. « La formation m'a sans doute aidée lors de l'entretien et m'aide aujourd'hui pour manager l'équipe. »

Des résultats réels

Les résultats de Mutu'Elles sont réels : 163 femmes ont été promues ou embauchées à des postes d'encadrement entre 2002 et 2005. Chez les représentants du personnel, on reconnaît l'effort de la direction. Mais Manuel Pinto, secrétaire syndical national CFDT à la Macif, émet cependant des réserves : « On risque d'aboutir à un fonctionnement par réseau, où les femmes des groupes Mutu'Elles se favorisent entre elles. »

Refonte du contrat social en négociation

Surtout, il regrette le manque de garanties de pérennité du processus. « Le directeur général, Gérard Andreck, quitte son poste en juin. Rien ne dit que son successeur fera siens les objectifs de Mutu'Elles », explique-t-il. Ces craintes semblent d'autant plus justifiées que les partenaires sociaux sont actuellement en négociation avec la direction dans le cadre d'une refonte du contrat social de la Macif. Les systèmes de promotion et de rémunération vont changer et les syndicats redoutent que l'égalité professionnelle n'en fasse les frais.

Le plafond de verre

La Macif emploie 8 000 personnes, dont 63 % de femmes. Or, celles-ci ne représentent, en 2005, que 36 % des 1 640 managers. Des progrès ont été faits depuis le démarrage du projet Mutu'Elles, puisqu'elles n'étaient que 32 % en 2002.

La progression masque pourtant des écarts importants en fonction du niveau hiérarchique. Entre 2002 et 2005, 133 femmes et 88 hommes ont été embauchés ou promus aux deux premiers niveaux d'encadrement. L'avancée y est donc évidente. Mais tout se gâte chez les cadres de direction et les top managers, puisqu'on y compte, sur la même période, 30 femmes supplémentaires pour 67 hommes.

Le rattrapage se fera-t-il par le biais des promotions à venir ou se heurte-t-on là à un «plafond de verre» plus difficile à briser ? La réponse dans les mois, ou les années, qui viennent...

Auteur

  • Christelle Fleury