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La santé au travail préoccupe les DRH

L'actualité | L'événement | publié le : 02.05.2006 | Jean-François Rio

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La santé au travail préoccupe les DRH

Crédit photo Jean-François Rio

Une enquête réalisée par l'Anpaa et l'Inpes, dont Entreprise & Carrières publie les premiers résultats en exclusivité, montre que si les préoccupations relatives à la santé au travail s'affirment dans les entreprises, le traitement de terrain laisse encore à désirer.

La prévention des risques professionnels (34 %), le respect des règles de sécurité (24 %), la santé du personnel et son bien-être (22 %) sont les trois principales préoccupations citées spontanément par les 800 DRH et chefs d'établissement sondés par BVA, dans le cadre d'une enquête menée par l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) avec le soutien de l'ANDCP.

Les résultats de cette étude seront rendus public ce 3 mai, lors des Assises nationales de la prévention, une manifestation consacrée aux addictions en entreprise, organisée par l'Anpaa.

Un élément important

« La santé devient un élément important dans la vie des entreprises et s'immisce parmi les préoccupations majeures des directeurs des ressources humaines », soulève Patrick Elineau, directeur national de l'Anpaa. Par ordre d'importance, la prévention des accidents du travail (81 %), des risques professionnels (73 %) et la consommation d'alcool (62 %) sont, aux yeux des DRH, des thématiques à prendre en compte.

Un classement qui comporte quelques surprises. Ainsi, les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les accidents de trajet apparaissent respectivement aux 7e et 13e rangs des priorités, alors que les TMS sont les pathologies professionnelles les plus répandues en France et que les accidents de trajet, priorité nationale de la Cnamts (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés), pèsent très lourd en termes d'incapacité.

L'usage des drogues, en particulier du cannabis, figure parmi les inquiétudes nouvelles. En matière de vigilance, les personnes interrogées se disent particulièrement attentives à la consommation d'alcool (47 %) et de tabac (37 %), ainsi qu'à la prévention des accidents du travail (37 %). En queue de peloton, les nuisances sonores et le harcèlement moral attirent manifestement peu l'attention des dirigeants.

Pour une entreprise sans nicotine

Alors que le projet du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, de bannir la cigarette des lieux publics, y compris des entreprises, a été reporté aux calendes grecques, les DRH et les chefs d'établissement se prononcent, à 79 %, pour une entreprise sans nicotine ; 98 % d'entre eux estiment qu'il est nécessaire de protéger les salariés non fumeurs du tabagisme passif. Autre affirmation très partagée : 91 % des sondés pensent qu'une consommation de deux verres d'alcool constitue un risque au travail. Mais, dans le même temps, un tiers des responsables déclarent que l'alcool fait partie de la culture de leur milieu professionnel. Un taux qui monte à 60 % dans la construction !

Politique globale de prévention

« Le contrôle des salariés, une mesure prônée par de nombreux DRH, ne peut suffire. Ce n'est qu'un élément d'une politique globale de prévention », insiste Patrick Elineau. Sur ces différents sujets, 81 % des personnes affirment avoir déjà mené des actions de sensibilisation, en priorité sur le tabac (36 %), les risques professionnels (36 %), et l'alcool (35 %). Une hiérarchie que l'on retrouve dans les PME de moins de 50 salariés, à l'exception de la prévention des lombalgies, qui se hisse au troisième rang des démarches engagées. La prise en compte du handicap, la prévention sur le VIH/sida et sur la consommation de psychotropes sont, en revanche, absentes des politiques de terrain.

S'atteler à la gestion du stress au travail

Les DRH indiquent qu'à l'avenir, ils souhaiteraient s'atteler à la gestion du stress au travail (ils sont 73 % à penser que c'est une pathologie difficile à appréhender), à la consommation d'alcool et de tabac, mais 38 % d'entre eux affirment aussi qu'ils n'aborderont aucune thématique de santé au travail.

Le médecin du travail (87 %), le CHSCT (70 %) et l'encadrement (57 %) restent les acteurs les plus habilités à traiter un sujet de santé et de sécurité. Dans les petites structures, le chef d'entreprise est souvent en première ligne. Prévus par la loi de modernisation sociale de janvier 2002, puis par un décret de juin 2003, les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) ne recueillent pas, en revanche, les faveurs des DRH.

Le document unique en panne dans les PME

Obligatoire depuis novembre 2001, le document unique d'évaluation des risques professionnels reste partiellement appliqué dans les entreprises.

Selon l'enquête Anpaa/Inpes, 83 % des entreprises affirment avoir rempli cette obligation, laquelle concerne seulement 50 % des PME de moins de 50 salariés.

Dans 43 % des cas, le document unique n'intègre pas les risques liés aux addictions.

« Ces résultats montrent bien que rien n'est gagné en matière de prévention des conduites addictives en milieu professionnel. Ils confortent, par contre, le sens de notre action menée tout au long de cette année en direction des entreprises et, en particulier, des PME », observe Patrick Elineau, directeur national de l'Anpaa.

Les DRH démunis face au cannabis

Au cours de leur carrière, les DRH ont, à un moment donné, rencontré des problèmes avec des salariés présentant des comportements addictifs, relèvent les auteurs de l'enquête Anpaa/Inpes.

Si l'alcool et le tabac se détachent, 11 % des DRH affirment avoir été confrontés, dans les douze derniers mois, à des salariés consommateurs de drogues, cocaïne et ecstasy en tête.

A leur aise pour gérer les questions liées au tabac (71 %), les DRH se montrent, en revanche, démunis face au cannabis, et apparaissent nullement sereins (seuls 53 % se déclarent à l'aise) pour gérer l'alcoolisme de leurs collaborateurs.

Auteur

  • Jean-François Rio