Avec monopjobs.fr, Monoprix drague, depuis mai 2005, les étudiants sur Internet. Non pour se constituer un vivier de jeunes diplômés performants. De façon plus prosaïque, il s'agissait pour l'enseigne de distribution de remédier à un fort taux de turn-over dans ses magasins. « Sur les créneaux horaires du soir et du dimanche matin dans nos points de vente situés dans les grandes agglomérations, notamment en région parisienne, nous avions une rotation de personnels inquiétante, souligne Catherine Djunbushian, DRH de Monoprix. En outre, il était hors de question de remettre en cause notre organisation commerciale, qui constitue un avantage compétitif et qui colle à l'évolution des habitudes de consommation de nos clients. »

Afin d'avoir une photographie précise de cette réalité, Monoprix lance une étude qui fait apparaître, dans les 122 points de vente franciliens, un taux de turn-over moyen de 42 %. « A partir de ce constat, indique la DRH, nous avons cherché une solution. Rapidement, la cible des étudiants nous est apparue comme étant la plus appropriée. Nous avons envisagé d'emblée la création d'un site web spécifique destiné à attirer cette population. Les étudiants qui souhaitent travailler chez Monoprix se déplacent habituellement en magasin pour y laisser leur CV, ce qui est assez contraignant. »

Le distributeur perçoit aussi un autre avantage : en mettant en relation offreurs et demandeurs, l'outil Internet est une véritable aide à la décision pour le directeur de magasin, sans que la DRH du siège intervienne. Laquelle peut ainsi se concentrer pleinement sur les recrutements pour les fonctions d'encadrement.

Avec le soutien de la DSI et d'un prestataire extérieur (Média System, devenu Publicis Consultants RH), la DRH lance le site début mai 2005. Le processus d'inscription sur monopjobs.fr est volontairement simplifié. Le candidat remplit ses disponibilités en fonction de son emploi du temps et se voit proposer trois choix de magasins situés dans un périmètre géographique proche de chez lui. Chaque directeur de magasin conserve sa candidature pendant six jours. Au terme de ce délai, le candidat reçoit un email. Si la candidature n'est pas retenue, elle est déversée dans un vivier, dans lequel le recruteur peut piocher en entrant ses critères de recherche. « Tous les contrats de travail proposés sont des CDI à temps partiel. Les étudiants embauchés sont aussi prioritaires pour la période des recrutements estivaux », précise Sophie Sadones, chargée de recrutement chez Monoprix.

Pour promouvoir le site et expliquer sa démarche, l'entreprise a distribué une carte postale dans les écoles, les universités et dans ses magasins. De même, des publicités sont régulièrement diffusées sur les job boards, comme Monster, ainsi que dans les quotidiens gratuits Metro et 20 Minutes. Le 5 novembre dernier, Monoprix a paraphé la charte du recrutement des étudiants, initiée par la Ville de Paris.

En neuf mois (de mai 2005 à janvier 2006), le site a enregistré 70 835 connexions pour 16 732 candidatures. « Pour un budget qui reste très acceptable, selon Catherine Djunbushian, nous avons, en une année de fonctionnement du site, fait chuter le turn-over à 32,5 %. »

> Activité : enseigne de distribution.

> Effectifs : 18 000 salariés, dont 900 au siège.

> Chiffre d'affaires : 3, 3 milliards d'euros en 2005.

> Site : <www.monopjobs.fr>

> Le chiffre : 70 835 connexions en neuf mois.