E & C : Quel regard portez-vous sur les sites RH des entreprises ?

S. d. l. F. : Les stades de maturité et les niveaux d'utilisation sont très variés, mais, dans l'ensemble, les entreprises ont massivement investi dans leurs sites emploi afin de tirer le meilleur parti de ce nouveau moyen de sourcing. Très vite, elles ont été confrontées à une difficulté de taille : ces sites ont généré un volume considérable de CV sans que les recruteurs aient les moyens de gérer cette abondance. L'erreur commise par certaines entreprises est de ne pas avoir suffisamment réfléchi au processus de recrutement dans sa globalité. Elles ont pensé recrutement à travers le seul prisme de l'outil et elles ont omis l'aspect organisationnel et le nécessaire back office humain.

E & C : Où se situe l'enjeu pour les sites emploi ?

S. d. l. F. : Il s'agit de combiner industrialisation du sourcing et individualisation de la relation avec le candidat. Il faut développer une approche marketing et considérer le candidat comme un client qui compare ses fournisseurs.

Par exemple, ce qui est vraiment décevant, c'est d'envoyer son CV, puis de recevoir un simple accusé de réception en guise de réponse. Un comportement pourtant fréquent dans les entreprises.

E & C : Quels sont les outils ou technologies à mettre en oeuvre pour qu'un site soit efficace ?

S. d. l. F. : Aller chercher des candidats en pratiquant un push mail ciblé sur le vivier est un moyen efficace pour lier une relation. Le push mail permet aussi de communiquer sur la politique recrutement de façon proactive. Les candidats ne vont pas tous les jours sur le site emploi de chaque entreprise ! En outre, il est intéressant de disposer d'outils de text mining capables d'analyser les CV dans un format texte «non codifié». Autres recommandations : le masque de saisie doit être assez bref et il convient d'autoriser le dépôt de CV au format Word.

Il est aussi primordial que l'entreprise communique sur ses valeurs. Je suis, en revanche, assez sceptique sur la pertinence des tests de présélection et autres outils d'évaluation. Ce sont, à mon sens, des gadgets qui ne permettent pas d'apprécier la qualité d'un candidat. Sur ce sujet, fort heureusement, rien ne vaut le recruteur !

(1) Responsable RH au Figaro, en charge du SIRH et des TIC, il enseigne aussi à l'Esam et à l'Institut supérieur de commerce de Paris.