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Les Pratiques

La Sopave lutte contre l'alcool au travail

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 25.04.2006 | Christelle Fleury

Pour lutter contre les risques liés à l'alcoolisme sur le lieu de travail, le directeur général de la Sopave a formé tout le personnel.

«Un patron est souvent démuni face à l'alcoolisme. On n'en parle pas. L'encadrement ferme les yeux. On est tous un peu complices. » Michel Fabre, directeur général de la Sopave, entreprise de recyclage de films plastiques et de production de sacs poubelles, a décidé, l'année dernière, de s'attaquer au problème. Depuis trois ans, l'entreprise a renforcé les mesures de sécurité. Les accidents du travail ont diminué. Mais un domaine restait tabou : l'alcool. Encore aujourd'hui, le sujet est délicat : « Des personnes arrivaient en ayant bu, reconnaît Patrice Boutonnet, élu au comité d'entreprise, mais ça ne se dénonçait pas. » Même le directeur refuse d'estimer le nombre de salariés concernés.

Prise de risques

Le danger était-il donc réel ? « L'alcool incite à prendre des risques, explique Michel Fabre. En usine, les collaborateurs peuvent se couper ou se faire happer la main par des machines s'ils ne respectent pas les règles de sécurité. » Dans les faits, l'alcool est rarement mis en cause dans les accidents du travail : « Le médecin du travail se tait sous couvert du secret médical et on trouve toujours une autre explication. » En fin d'année dernière, le directeur a interdit les boissons alcoolisées dans l'entreprise. Mais la mesure a été mal comprise : quand le vin a disparu du casse-croûte des équipes du matin, les dents ont grincé. Puis, il a fait appel à l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie). Le personnel encadrant - 14 personnes sur les 80 que compte la Sopave - s'est alors réuni sur le thème «Régulation du risque alcool au travail». Un titre neutre. « Il fallait considérer l'alcool du point de vue du risque et non du point de vue moral, explique Michel Fabre. Cela nous a permis de nous déculpabiliser : plus on intervient tôt et plus on est ferme, plus on rend service à la personne concernée. »

Sessions de formation

Par la suite, six sessions de formation, d'une demi-journée chacune sur «le risque alcool sur le lieu de travail» ont été dispensées. L'ensemble du personnel y a participé, ainsi que deux personnes de la Cram (Caisse régionale d'assurance maladie) et un médecin du travail. Ces réunions ont été l'occasion d'une présentation de l'alcool et des risques qui y sont liés ainsi que de discussions entre salariés. « C'était très intéressant, même si les présentations étaient un peu trop générales », juge Pierre Gremaux, du CHSCT.

Mais l'objectif semble avoir été atteint. De l'avis de la direction comme des représentants du personnel, les salariés ont pris conscience des dangers liés à l'alcool. « On le voit dans le comportement : les gens arrivent plus en forme », affirme Patrice Boutonnet. Il est toutefois trop tôt pour dresser un bilan. « Si ça ne s'améliore pas, on s'est donné le droit de perquisitionner pour vérifier qu'il n'y a pas de cachettes d'alcool », conclut Michel Fabre.

Auteur

  • Christelle Fleury