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Enquête

Mutualisation des moyens de reconversion

Enquête | publié le : 25.04.2006 | Thierry Butzbach

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Mutualisation des moyens de reconversion

Crédit photo Thierry Butzbach

Fin 2004, trois entreprises ayant fermé leurs sites lensois signaient avec la préfecture une convention inédite stipulant une mise en commun de leurs moyens dans le cadre de leur obligation légale de revitalisation du territoire. Un dispositif qui a, depuis, fait école.

Alors que la fermeture de l'usine de Metaleurop est encore dans tous les esprits, un nouveau coup dur frappe l'agglomération de Lens début 2004. Trois entreprises annoncent leur intention de fermer leur usine.

Source identifiée d'une épidémie régionale de légionellose, l'usine pétrochimique Noroxo, à Harnes, a fermé dès janvier 2004. La filiale du groupe américain Exxon Mobil ne rouvrira pas ses portes. Sa «mise en veille», décidée en mars, entraîne la suppression de 141 emplois. L'équipementier automobile Johnson Controls annonce le transfert, en 2005, de son activité vers d'autres sites régionaux. Un arrêt qui entraîne 220 suppressions d'emploi. Enfin, le fabricant de mobilier Cauval, filiale de Dumeste, avertit ses 90 salariés qu'il délocalise sa production en Pologne et en Tunisie.

Effort de revitalisation

Comme le prévoit la loi de modernisation sociale, ces opérations de restructuration doivent donner lieu, en plus des obligations d'accompagnement des salariés, à une participation aux efforts de revitalisation du tissu économique local. Mais plutôt que de disperser les moyens financiers, les trois entreprises acceptent la proposition de la préfecture de mutualiser leurs moyens. Une première nationale qui donnera lieu, le 17 décembre 2004, à la signature d'une convention multipartite de deux ans entre les trois entreprises et la sous-préfecture. Une sorte de «programme commun» venant en complément de la signature d'une convention bilatérale de chaque entreprise avec l'Etat.

Sélectionné pour mettre en musique cette convention multipartite, Sofred interviendra bien en amont du dossier, notamment pour conseiller les entreprises dans la rédaction de cette convention. Une rédaction loin d'être évidente puisque, comme le rappelle Jean-Marie Thuillier, responsable du secteur industrie de la Sofred, « chaque entreprise devait s'engager individuellement auprès de l'Etat dans une première convention, et solidairement auprès des autres contractants dans une seconde ».

Déficit foncier

Favorisée par une proximité géographique, la possible mise en commun des moyens tient surtout au contexte de déficit foncier local et du réel besoin du territoire en bâtiments industriels disponibles. La collaboration étroite des trois entreprises, des collectivités territoriales et des services de l'Etat visera donc à réaménager les surfaces industrielles pour accueillir de nouvelles sociétés.

Dans l'opération, Cauval et Johnson s'engagent à transformer leurs sites de respectivement 16 000 m2 et 18 000 m2, tandis que Noroxo (qui conserve son site) participe au financement. Selon Sofred, chacun des protagonistes a été au-delà de son obligation légale pour que tous les réaménagements soient menés à bien.

Implantations majeures

A mi-parcours, on peut déjà souligner que ces efforts commencent à être récompensés, avec deux implantations majeures depuis le début de l'année. En effet, une promesse de vente a été signée entre la communauté d'agglomérations de Lens-Liévin et la société Volma, qui doit quitter La Bassée, dans le Nord, pour s'installer cet été sur la friche de Johnson Controls, à Harnes. Comme le transfert du fabricant de menuiserie en PVC est destiné à accompagner sa croissance, l'opération devrait se traduire par la création de 50 nouveaux emplois dans les deux prochaines années (dont 30 anciens de Johnson Controls), ce qui portera l'effectif à 150 salariés.

En décembre 2005, Arvato Services, une filiale du groupe Bertelsmann, avait déjà investi plus de 3 000 m2 des anciens locaux de Cauval pour y installer son troisième centre d'appels (la société est déjà présente dans la région à Noyelles-sous-Lens et Vendinle-Vieil). Alors que plus d'une centaine d'emplois a ainsi déjà été créée, Arvato parle de faire tripler son effectif d'ici à quelques années.

D'autres dossiers, de moindre envergure, sont encore à l'étude. Comme celui de Martex, une jeune société de confection textile récemment fondée par une ancienne salariée de Cauval, qui prévoit de recruter une demi-douzaine de ses ex-collègues.

Au final, plus de 500 emplois devraient être créés, compensant le nombre d'emplois détruits. Avec le projet d'autres installations, le solde devrait être largement positif. Un résultat obtenu grâce à l'esprit de coopération de cette opération, qui a permis l'affectation prioritaire de moyens communs au processus de création d'emploi. Une recette qui a fait école, depuis, Sofred l'ayant appliquée dans l'Eure à l'occasion d'un dispositif de réindustrialisation, suite à l'annonce de plusieurs restructurations.

bassin de lens

> 450 emplois perdus.

> 115 emplois créés.

> 500 emplois prévus d'ici à fin 2007 avec les 3 premières sociétés déjà implantées.

Auteur

  • Thierry Butzbach