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Les Pratiques

Affrontement autour d'un CE chez SAP

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 18.04.2006 | Marion Leo, à Berlin

Après s'être opposés avec force à la création d'un comité d'entreprise, exigé par le syndicat IG-Metall, et sans attendre une décision de justice, les salariés et la direction de l'éditeur allemand de logiciels ont changé de stratégie : ils créeront un CE en juin. Mais sans syndicalistes.

L'atmosphère est de nouveau « calme » au siège de SAP, premier éditeur au monde de logiciels pour entreprises, à Walldorf. « Les salariés se sont fait une raison », constate un porte-parole. En juin prochain, l'entreprise, créée en 1972, se dotera pour la première fois d'un comité d'entreprise. Le 2 mars dernier, 91 % des salariés de SAP en Allemagne avaient pourtant une fois de plus voté contre un tel comité. Celui-ci était réclamé par trois salariés membres du syndicat IG-Metall.

L'opposition des salariés a fait sensation outre-Rhin. Elle a aussi rappelé que SAP, fort de 35 800 salariés dans le monde, dont 13 500 en Allemagne, était encore la seule entreprise cotée au Dax 30 dépourvue de CE. Or, la loi sur la cogestion de 1952 prévoit son élection dans tous les établissements du secteur privé ayant au moins cinq salariés.

Contre un CE «téléguidé»

Une polémique a alors éclaté entre IG-Metall et SAP. « Un comité d'entreprise téléguidé par l'extérieur est incompatible avec la culture SAP », vitupérait Dietmar Hopp, fondateur de l'entreprise, en menaçant de délocaliser le siège. Les trois syndicalistes, quant à eux, saisissaient un tribunal du travail.

Mi-mars, la direction, voyant qu'elle ne pourrait pas empêcher la création d'un CE, change de stratégie, et appelle elle-même ses salariés à élire un comité « issu de leurs rangs », bref sans syndicalistes. Lors d'une nouvelle assemblée, le 30 mars, les salariés ont voté pour 9 personnes, chargées de préparer l'élection du CE. Aucune d'elles ne fait partie d'IG-Metall.

Question de culture d'entreprise

« L'opposition des salariés s'explique par notre culture d'entreprise particulière », explique le porte-parole de SAP. « La moyenne d'âge est de 37 ans. 80 % des salariés ont des diplômes universitaires. Ils travaillent d'une manière très autonome, en horaires flexibles, et sont très orientés vers le résultat. Nos structures hiérarchiques sont légères. Nous sommes très directs et communiquons tout le temps », souligne le porte-parole. Avec ses services aux salariés (jardin d'enfants, examens médicaux, retraites maison...), SAP a plusieurs fois obtenu le titre de «meilleur employeur d'Allemagne», décerné par des magazines.

D'autre part, depuis 1998, huit salariés siègent au sein du conseil de surveillance. « Les salariés craignaient aussi un CE contrôlé par un syndicat ne connaissant pas nos modes de travail. IG-Metall voulait, par exemple, introduire une horloge de pointage ! C'est l'Old Economy. Nous sommes une entreprise de la New Economy. »

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin