S'il est un secteur d'activité en France où le maintien de l'emploi est directement lié au développement des compétences, c'est bien la filière textile. « De l'ère industrielle, la profession revient aujourd'hui à une dynamique artisanale. La fabrication d'une pièce nécessite jusqu'à 1 000 heures de travail. Il faut donc des salariés très compétents pour fabriquer ce type de produit », explique Laurent Vandenbor, responsable de la Délégation Ouest Atlantique du Forthac, Opca habillement et textile.

Cet organisme vient de présenter les résultats d'une action expérimentale de GPEC qu'elle a pilotée pendant 24 mois à l'échelle des Pays de la Loire auprès de 20 PME. Le financement a été assuré à 50/50 par la DRTEFP et le Forthac, excepté une participation des entreprises pour un volet de l'action. Son originalité est d'avoir commencé - après un audit des besoins en RH de chaque entreprise - par une phase de partage et de capitalisation des bonnes pratiques entre les entreprises de plusieurs bassins d'emploi.

Fonlupt, entreprise de prêt-à-porter féminin de 70 salariées, en Mayenne, a pu, ainsi, témoigner auprès de ses pairs d'une démarche compétences, commencée il y a dix ans, pour passer d'une fabrication en ligne à la mise en place de 5 ateliers autonomes, chacun étant chargé d'un modèle différent. Une commande y est traitée en 1,3 jour. Une organisation qui fonctionne par le savoir-faire technique des opératrices, et aussi par leurs capacités de communication et de partage des connaissances, compétences entretenues et évaluées régulièrement.

De tels témoignages ont été un déclic pour bien des chefs d'entreprise, davantage hommes de production que spécialistes du management et des RH. « Le partage de pratiques m'a ouvert les yeux sur l'importance, pour l'entreprise, de prioriser les RH et le management », témoigne Béatrice Colombier, dirigeante d'Albea, une entreprise de 70 salariés dans la Sarthe. Du coup, celle-ci s'est engagée dans les deux phases suivantes de la démarche : «compétences par métiers cibles» et «démarche globale de gestion par les compétences».

Trois entreprises seulement - les plus matures - se sont engagées dans cette troisième phase. Depuis, Albea dispose de fiches fonctions, a mis en oeuvre des entretiens de progrès, a élaboré un plan de formation raisonné, etc.

Cette démarche préfigure les futurs dispositifs de GPEC qui devraient être organisés dans le cadre de l'accord national pilote conclu le 16 janvier 2006 entre l'Etat et 5 branches des filières cuir et textile. Par ailleurs, le Forthac, qui couvre 8 000 entreprises et 225 000 salariés en France, a commencé à former les conseillers de ses 11 délégations pour démultiplier les démarches de GPEC.