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Les Pratiques

La bonne fortune des retraités de Shell et d'Unilever

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 11.04.2006 | Didier Burg, à Amsterdam

Les performances des fonds de pension de ces groupes du privé ont dépassé celles des fonds de fonctionnaires, avec, à la clé, une belle indexation des pensions. Mais c'est au prix d'une fuite en avant, avec jusqu'à 70 % des actifs placés en Bourse.

Aux Pays-Bas, les retraités ne sont pas égaux face au système des fonds de pension. Les performances des institutions de retraites des entreprises se sont avérées bien supérieures à celles des fonctionnaires en 2005. Une situation dont ont profité, notamment, les anciens salariés de Shell ou d'Unilever, avec une forte indexation de leur pension.

Un gain de 365 milliards d'euros

Dopés par la Bourse, les fonds de pension néerlandais (système par capitalisation) ont affiché, l'année dernière, leur meilleur rendement en six ans. Leur portefeuille d'actions s'est apprécié de + 26 %. Au global, la fortune de ces institutions gérant la retraite de millions d'anciens salariés bataves s'est étoffée de 17,8 % en 2005 pour atteindre 635 milliards d'euros, soit un gain de 96 milliards d'euros en un an. Ces rendements sont restés hors de portée des deux plus puissants fonds de pension du secteur public : ABP (2,4 millions de fonctionnaires adhérents) et PPGM (1,9 million d'adhérents dans le secteur de la santé), dont les portefeuilles d'actions n'ont progressé respectivement que de 12,8 % et de 16,3 % en 2005.

De plus, les comptes de ces derniers souffrent toujours du dernier crash boursier. Loin d'avoir satisfait aux exigences des autorités de contrôle, ces quelque 800 institutions n'ont dégagé, l'année dernière, qu'un taux de couverture moyen de leurs obligations vis-à-vis des bénéficiaires de 121 %, contre les 130 % fixés par la loi. En l'état actuel, les actifs des fonds de pension ne permettront pas une indexation des retraites sur l'inflation.

Face à ces perspectives, les grands fonds du secteur privé optent, eux, pour la fuite en avant : alors qu'en moyenne, un peu moins de la moitié des actifs des fonds de pension sont placés en Bourse, Shell et Unilever en ont respectivement risqué 70 % et 60 %. Du coup, le taux de couverture de leurs engagements a atteint 145 % pour Shell et 152 % pour Unilever. D'où la revalorisation de 1,4 % accordée aux anciens salariés.

Forte dépendance financière

Dans le secteur bancaire, avec un taux de couverture ne dépassant pas 116 %, ABN Amro ne propose que 1,3 % à partir du 1er avril pour se caler sur l'inflation. Et, pour redresser la barre, l'établissement a d'ailleurs pris des mesures impensables en France. Un compromis, signé l'année dernière avec les syndicats, fait passer l'âge de la retraite de 62 à 65 ans. Pour faire avaler la pilule, les anciens salariés ont obtenu une retraite équivalente à 86 % de la moyenne de leur salaire, contre 72 %. La situation néerlandaise n'en met pas moins crûment en lumière la dépendance financière de ces institutions de retraite face aux aléas de la Bourse.

Auteur

  • Didier Burg, à Amsterdam