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Des formations plus formalisées pour répondre aux besoins des clients

Enquête | publié le : 11.04.2006 | V. Q.

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Des formations plus formalisées pour répondre aux besoins des clients

Crédit photo V. Q.

Le terrain n'est plus la seule voie de formation continue des consultants. Face aux exigences accrues des clients et aux besoins de recrutement, stages et formations diplômantes constituent à la fois des outils de maintien des compétences et d'attractivité des cabinets.

Les cordonniers seraient-ils les plus mal chaussés ? « Nous faisons partie des professions qui n'ont aucun outil en matière de formation. Nous-mêmes n'avons pas d'organisme de formation nous permettant de progresser, alors que nous préconisons la formation », affirme Alain Richeux, directeur du cabinet Hisséo et président de l'association régionale Arc Ouest (association des consultants des Pays de la Loire). Le constat est un peu sévère, car la formation continue existe tout de même, proposée, par exemple, par l'Institut du conseil à Paris, l'IDCE à Angers, sans compter les séminaires conçus par les grandes écoles. Mais il est vrai que les moyens sont limités pour la majorité de la profession, constituée d'indépendants.

Prise en charge financière quasi nulle

« Notre Opca de branche, le Fafiec, a une grosse limite : les fonds ne sont destinés qu'à la formation des salariés. Les indépendants relèvent du FIFPL, Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux. Le conseil y est noyé dans la masse et la prise en charge financière de la formation très partielle », explique Monique Lévy, consultante en RH à Bordeaux et présidente de l'Ufarco (Union française des associations régionales de conseil). C'est le moins qu'on puisse dire : un consultant ayant récemment suivi un cycle de formation pour dirigeants d'entreprise à HEC a déboursé 10 800 euros, le FIFPL prenant en charge... 150 euros.

Pourtant, assure Monique Lévy, cela n'empêche pas les consultants de se former : « Ceux des cabinets membres de notre association suivent dix jours de formation en moyenne, sans compter les conférences et les colloques. Même si c'est encore insuffisant, nous sommes une profession qui se forme. »

L'essentiel sur le terrain

Pour Jean-Marc Thirion, du cabinet DeVenir (lire p. 19), il est d'ailleurs impossible d'exercer ce «métier d'intelligence» qu'est le conseil sans se former en permanence. « Chaque consultant devrait quotidiennement consacrer une partie de son temps à s'informer, apprendre, enrichir sa culture économique, élargir sa culture sectorielle et d'expertise », estime-t-il.

Reste que la formation essentielle des consultants se fait sur le terrain, chez le client ou, quand ils débutent dans le métier, avec le chef de projet. « Le chef de projet a une double mission : faire travailler son consultant et le former pour qu'il travaille. Cet apprentissage de haut niveau, ce compagnonnage a longtemps constitué la quasi- totalité de la formation professionnelle, et elle reste encore aujourd'hui majoritaire et colossale », observe Jean-Luc Placet, patron d'IDRH et président de Syntec conseil en management.

Apprentissage formel

Mais les choses sont en train de bouger. « Le niveau d'exigence des clients s'accroît, donc le niveau de formation doit s'élever, poursuit Jean-Luc Placet. C'est pourquoi, à côté de cet apprentissage traditionnel, nous avons prévu d'accélérer des apprentissages plus formels, tant en formation continue - séminaires sur points techniques, conférences - qu'en formation initiale. » Le Syntec conseil en management est, ainsi, à l'initiative du tout récent «management consulting MBA» qui va bientôt débuter à l'ESC Toulouse, destiné aux consultants en poste ainsi qu'aux cadres de plus de 45 ans en reconversion.

Conforter les débutants sur leur évolution

L'exigence des clients n'est pas le seul motif de ce virage vers des formations plus classiques. Pour faire face au redémarrage de leur activité, les cabinets de conseil ont besoin de recruter. Les 1 250 entreprises membres de la fédération Syntec recrutent à elles seules 100 000 personnes, pour elles-mêmes ou pour leurs clients. Et quoi de plus attractif pour un jeune diplômé que l'assurance de suivre des formations le maintenant toujours au meilleur niveau ? « L'offre de formation permet de conforter les candidats débutants sur leur évolution », observe-t-on au cabinet Cadextan, spécialisé en informatique financière, qui va jusqu'à proposer des formations diplômantes tels le master en sciences de gestion, mention finance de marché du Cnam, le Garp (diplôme américain de risk management) ou le CFA, diplôme d'analyste financier se préparant en trois ans.

Attention, cependant, à ne pas tout miser sur la technique. Jean-Marc Thirion observe que, dans un métier fondé sur la relation, « beaucoup de cabinets n'investissent plus dans le savoir-faire relationnel, en partant du principe que leurs consultants vont se former au contact de leurs clients. C'est souvent le cas des grands cabinets, qui mettent en avant leur marque. Si des petites ou moyennes structures ont mieux passé la crise que les grandes, c'est parce qu'elles ont souvent conservé une action de professionnalisation sur cette dimension relationnelle qui reste un des éléments de différenciation des cabinets, au-delà de la maîtrise technique d'un sujet ».

Auteur

  • V. Q.