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Les Français sont demandeurs de formation

Dossier | publié le : 04.04.2006 | L. G.

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Les Français sont demandeurs de formation

Crédit photo L. G.

Selon une étude réalisée par l'Ifop pour L'Etudiant (1), 63 % des personnes interrogées ont déjà goûté à la formation professionnelle continue, et 68 % aimeraient bien continuer à en bénéficier.

L'étude réalisée par l'Ifop montre, pour la énième fois, que l'accès à la formation est très inégalitaire selon le statut que l'on occupe dans l'entreprise. Mieux vaut être un homme cadre dans une grande entreprise d'Ile-de-France qu'une femme ouvrière, dans une PME de province pour bénéficier de formation professionnelle. De plus, si l'accès à la formation est très variable, le désir d'accès l'est aussi : il est plus fort chez ceux qui en ont le plus l'habitude !

Désir de formation

Première question : avez-vous déjà suivi une formation professionnelle ? Oui à 63 %. Mais ce chiffre cache une grande disparité, puisqu'il varie de 53 % dans les entreprises de moins de 20 salariés à 73 % dans les entreprises de plus de 250 salariés. Et de 79 % pour les cadres supérieurs à 50 % pour les ouvriers.

Conséquence : 68 % des Français interrogés souhaiteraient bénéficier d'une formation. Ce résultat atteint 76 % pour les cadres supérieurs et 61 % pour les ouvriers. Ce désir est plus fort chez les femmes (71 %) que chez les hommes (64 %). Il évolue aussi selon les âges : 69 % chez les moins de 35 ans ; 71 % chez les 35-49 ans ; et 56 % chez les plus de 50 ans. De même, on note une différence de 8 points entre communes rurales et agglomération parisienne : 62 % contre 70 %.

Mais à quoi, au juste, répond ce désir de formation ? Développer des compétences personnelles (25 %) ; changer d'entreprise ou de secteur d'activité (16 %) ; progresser en interne en prenant plus de responsabilités (15 %) ; et avoir un meilleur salaire (13 %) sont les bénéfices principaux recherchés par l'ensemble des sondés (68 %) souhaitant avoir accès à la formation professionnelle continue.

Selon le statut

Mais cet ordre est variable selon le statut occupé dans l'entreprise. Les cadres supérieurs mettent en avant le développement des compétences (40 %) ; la progression en interne (19 %) ; le changement d'entreprise (12 %) ; et très peu l'augmentation de salaire (3 %). A l'inverse, les ouvriers privilégient l'augmentation de salaire (20 %) ; le changement d'entreprise (19 %) ; le développement de compétences (18 %) ; et la progression en interne (15 %). A noter que, dans tous les cas de figure, l'obtention d'un diplôme ne remporte que 10 % des suffrages (6 % chez les cadres supérieurs et 9 % chez les ouvriers).

Manque d'information

Quand on les interroge sur les freins et les difficultés pour obtenir une formation, les salariés mettent en avant le manque d'information (55 %) ; l'impossibilité de quitter son poste deux jours de suite (35 %) ; puis le fait de ne pas oser demander (11 %). La peur d'afficher ses lacunes à son employeur n'est exprimée que dans 3 % des cas ! Il faut noter que les ouvriers soulignent beaucoup plus souvent que les cadres le manque d'information (57 % contre 41 %). A l'inverse, les cadres se plaignent plus fréquemment que les ouvriers de l'impossibilité de quitter leur poste deux jours de suite (43 % contre 28 %).

Taux de notoriété

Le manque d'information semble donc être un frein majeur d'accès à la formation professionnelle continue. Ce qui est confirmé par l'expression de notoriété vis-à-vis des différents dispositifs. Le bilan de compétences (65 %), le congé individuel de formation (55 %) et la validation des acquis de l'expérience (54 %) ont des taux de notoriété supérieurs à la moyenne. En revanche, le droit individuel à la formation (47 %), le plan de formation (39 %) et la période de formation (12 %) ont des taux de notoriété inférieurs à la moyenne.

Le taux de notoriété du droit individuel à la formation n'est finalement pas si mauvais, dans la mesure où sa création est récente. A l'inverse, le taux de connaissance du très ancien plan de formation (39 %) est plutôt bas.

Comment ont donc été informés les salariés sur le DIF ? Par leur employeur (35 %) ; par la presse (22 %) ; par des amis ou de la famille (13 %) ; par le comité d'entreprise ou les syndicats (13 %).

La dernière question de l'étude poursuit un débat qui a commencé bien avant la signature des ANI de 2003 : celle concernant la formation en dehors du temps de travail. Les salariés y sont-ils prêts et en veulent-ils ? Dans leur globalité, ils répondent par l'affirmative dans 66 % des cas. Ce chiffre se retrouve dans d'autres études similaires. Cet avis positif varie entre les moins de 35 ans (70 %) et les plus de 50 ans (59 %). Il est cependant assez constant, quel que soit le statut dans l'entreprise : cadre supérieur (66 %) ; profession intermédiaire (67 %) ; employé (64 %) et ouvrier (68 %). Il est même proche quelle que soit la taille de l'entreprise : moins de 20 salariés (65 %) ; de 20 à 49 salariés (66 %) ; de 50 à 249 salariés (70 %) et plus de 250 salariés (64 %).

«Réinternalisation»

Bien que, depuis dix ans, les salariés aient toujours répondu dans cette proportion à la possibilité de formation hors temps de travail, et bien que les ANI de 2003 et la loi de 2004 aient légalisé cette possibilité, les accords de branche en ont pris le contre-pied, en «re-internalisant» la formation, notamment le DIF, sur le temps de travail. Une option argumentée par le fait qu'une fois mis véritablement devant un choix de hors temps de travail, les salariés préfèrent quand même une formation sur le temps de travail. Mais cela pourrait évoluer dans le temps, notamment quand les heures accumulées au titre du DIF deviendront trop importantes.

(1) Etude réalisée sur un échantillon de 617 personnes, sélectionnées par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille) après stratification par régions et catégories d'agglomération. Les interviews ont eu lieu par téléphone au domicile des personnes interrogées, entre le 16 et le 24 février 2006.

Auteur

  • L. G.