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Le budget formation a augmenté de 26 %

Dossier | publié le : 04.04.2006 | Martine Doriac

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Le budget formation a augmenté de 26 %

Crédit photo Martine Doriac

Le fabricant des textiles du groupe Damart s'est saisi de la loi du 4 mai 2004, à peine votée. En 2005, plus d'un tiers des salariés, en majorité des ouvrières, ont demandé leur DIF.

La fibre Thermolactyl, c'est eux. Les Despature l'ont inventée en 1953. L'entreprise qui porte leur nom conçoit et fabrique les textiles du groupe Damart, dont elle est une filiale. Sur les 139 salariés de cette PME installée à Roubaix, 52 ont déjà demandé leur DIF et 24 l'ont effectué. Toutes les demandes sauf une, réorientée à défaut de prérequis, ont été acceptées. Elles sont financées sur le plan de formation, dont le budget (4,49 % de la masse salariale en 2004 sur fonds mutualisés et sur fonds propres) a progressé de 26 % en 2005.

Plusieurs facteurs ont contribué à une mise en place rapide du DIF. L'accord de la branche textile a été signé dès le 13 septembre 2004. Despature s'en est saisi pour renforcer sa politique de formation, déjà active avant la loi. Début 2005, la procédure de demande de DIF était en place afin que, dès la validation du crédit d'heures, en mai, les salariés aient accès à leur droit individuel à la formation.

Opportunité

« On a pris cette réforme comme une opportunité. Elle nous a permis de communiquer sur la formation et de pousser les salariés à se prendre en charge. C'est une façon de leur dire « votre avenir est entre vos mains », souligne Christine Soto, responsable ressources humaines de Despature. Des plaquettes d'information intitulées Votre avenir n'a pas fini de grandir expliquent ce que sont le plan de formation, le DIF, le CIF, la VAE, la période de professionnalisation. Et, dans chaque service, un guide de formation est disponible. Il propose, au titre du DIF, une soixantaine de stages en développement personnel, bureautique, langues, développement professionnel, et des parcours de préparation à la fonction managériale ou d'intégration des nouveaux managers. L'offre, réalisée en intra par des organismes de formation régionaux, est large car elle s'inscrit dans le cadre du groupe Damart, qui accueille les stagiaires dans ses locaux.

Confiance en soi

Plusieurs ouvrières, jusque-là en retrait, se sont inscrites au module de 2 jours (14 heures) «Développer sa confiance en soi» et en ont tiré profit. La bureautique est également très demandée. « Beaucoup de personnes ont un ordinateur chez elles, pour leurs enfants. Aujourd'hui, elles ne s'en servent pas dans l'entreprise, mais on se dit que c'est intéressant pour l'avenir. Nous avons plusieurs projets, dont celui de mettre en place des bornes interactives. Familiarisées avec ces outils, elles s'y mettront plus facilement. » En parallèle aux nouvelles possibilités de formation offertes aux salariés, 18 cadres intermédiaires ont été conviés à s'approprier la réforme, lors d'une demi-journée d'information. « Le manager est l'interlocuteur du salarié. Il doit maîtriser les notions introduites par la loi », précise Christine Soto.

Point annuel

Chez Despature, le principe d'un point annuel sur la formation n'est pas nouveau. Un «entretien de progrès», réalisé chaque année entre le salarié et son manager, examinait déjà sa situation professionnelle passée, présente et à venir, pour envisager des améliorations. « Nous évoquons l'avenir dans le poste, dans le secteur et hors de l'entreprise. C'est l'occasion de parler de formation, de VAE ou du CIF. Cet entretien permet de faire évoluer les postes et d'établir le plan de formation. Il y a vraiment un échange entre le salarié et son manager, qui valide la demande de formation avant qu'elle n'arrive à la cellule RH », souligne Christine Soto.

Les représentants du personnel ont, eux aussi, été invités à se former. « Ils manquaient de connaissances sur la réforme, d'où une difficulté à échanger avec eux. » Despature a fait appel à la Cegos pour les informer sur la loi et sur ce qui allait être mis en place. « Cela a donné du sens et a été très bien perçu. Et c'est efficace. C'était nécessaire pour les nouveaux représentants et les autonomes qui n'ont pas le même niveau d'information que les délégués rattachés à un syndicat. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus facile d'échanger sur la formation avec eux. Cela leur permet de poser des questions, d'échanger, d'apporter des idées sur l'ensemble du plan », note Christine Soto.

Soutenue dans cette démarche par le Forthac, l'Opca du secteur textile, habillement, cuir, Despature avait déjà l'expérience des parcours modulaires qualifiants (PMQ), une VAE adaptée au textile qui fait reconnaître des compétences et obtenir un CAP.

Mobilisation

« Avec des populations fragiles et de faible niveau de formation initiale, la formation ne marche que s'il y a un effort commun, un travail de terrain et une conviction de la direction pour informer, dynamiser, accompagner le processus auprès du personnel. Le DIF ne se met en oeuvre pour ces populations que s'il y a une mobilisation de tous les acteurs. C'est ce qui s'est passé chez Despature », remarque Yves Royer, secrétaire général du Forthac.

En 2006, les demandes de DIF continuent à être examinées, avec un nouveau crédit en mai. La limite ? Le DIF étant effectué sur le temps de travail à la demande des salariés, si tout le monde le demande, cela posera quelques problèmes de budget, mais surtout de disponibilité dans les ateliers.

« Mais l'appartenance au groupe Damart fait qu'il y a plusieurs sessions possibles et donc des moyens de s'organiser », précise la responsable RH, satisfaite des premiers résultats du DIF. « C'est très positif. Les salariés sont beaucoup plus ouverts aux changements. Faire une formation permet de s'ouvrir sur un autre environnement. Il est ainsi plus facile de faire évoluer l'organisation. Nos salariés, à 75 % des femmes, sont aujourd'hui dans une dynamique de changement. Avant, c'était difficile de les faire partir en formation. Elles les subissaient. C'était surtout des formations «métiers». Avec le DIF, elles ont accès à du développement personnel ou à des modules pour mieux comprendre le fonctionnement de l'entreprise. Une ouvrière, une agent de maîtrise et une technicienne ont ainsi choisi de suivre le stage «Damart en chiffres». Quant aux représentants du personnel, ils ont, eux aussi, fait leur demande de DIF.

Despature

> Secteur d'activité : fibres textiles.

> Effectifs : 1 700 salariés en France, 3 000 à l'international.

> Chiffre d'affaires : 28,16 millions d'euros.

Auteur

  • Martine Doriac