Ne maintenir dans l'emploi que 37 % des plus de 55 ans, comme le fait la France, c'est penser, sans le dire ouvertement, qu'une solution malthusienne, qui consiste à écarter une partie de la population du travail, permettra de faire place aux jeunes et d'offrir aux quadras des perspectives de promotion.

Les travailleurs vieillissants, qui bénéficient d'une préretraite correctement rémunérée, de même que l'Etat, qui réduit ainsi le nombre des chômeurs comptabilisés, y trouvent leur compte.

Ce consensus implicite conduit cependant à une perte de savoir-faire et, surtout, à léguer une situation intenable aux prochaines générations qui devront financer des retraites et des préretraites déguisées, dont l'augmentation est inexorable. C'est, en définitive, rendre impossible la sauvegarde de notre niveau de protection sociale. L'espérance de vie ne cesse de croître et les progrès de la médecine et des conditions de travail aidant, sur les vingt-cinq dernières années, le salarié français a pratiquement gagné dix ans de non-travail.

Pour les auteurs, il faut, au contraire, allonger la durée de vie au travail et redynamiser la recherche d'emploi des seniors et leur formation. Il appartient également aux entreprises de reconsidérer leur politique de gestion des âges pour permettre le maintien dans l'emploi des plus âgés et favoriser leur recrutement. Une véritable révolution !