Comment savoir si la vision stratégique que l'on a formulée est une bonne vision ? Avant de se lancer dans l'exercice déterminant de communication à tous les salariés, mieux vaut passer sa vision au crible des cinq critères suivants.
Une bonne vision doit plaire aux clients. Bien sûr, elle a été conçue avec passion, échanges, confrontations, débats d'idées, arbitrages finaux, et ceux qui l'ont produite en sont fiers. Mais il importe aussi qu'elle plaise aux clients, et notamment qu'elle diminue sensiblement ce qu'ils n'apprécient pas et qu'elle augmente leur satisfaction et leur enthousiasme à l'égard de l'entreprise.
Une bonne vision porte une part de rêve. Une vision, c'est l'expression imagée et concrète du rêve collectif d'une organisation. Par définition, ce rêve est porteur de souffle et possède le pouvoir de catalyser les énergies. C'est pour cette raison que les visions exclusivement formulées sous forme de chiffre d'affaires, parts de marché ou autres indicateurs de gestion ne sont pas suffisantes. Car les chiffres traduisent rarement les aspirations profondes des individus. Les rêves s'expriment autrement : les projets que l'on pourrait réussir, la réputation dont bénéficierait l'entreprise, les nouveaux produits ou services qu'on offrirait aux clients, l'ambiance qui règnerait dans le management et dans les équipes, les innovations qui propulseraient l'entreprise sur le devant de la scène...
Une bonne vision est ambitieuse. Une «petite vision» est donc une expression contradictoire, comme une lumière sombre ou une diminution de salaire motivante. Evidemment, tout l'art consiste à choisir le bon niveau d'ambition. Trop élevé, le but semble inaccessible et donc décourageant. Trop facile à atteindre, la vision ne met pas les personnes en tension, car elle ne porte pas l'espoir d'une grande aventure.
Une bonne vision donne envie d'agir. Elle est motivante, dynamique et anime les personnes d'un formidable élan. Mieux : chacun voit comment il peut y contribuer. Avant même que l'on parle de plans d'action, chacun perçoit qu'il a un rôle à jouer dans ce grand projet et que l'on compte sur lui pour le réussir.
Enfin, une bonne vision est évolutive. Son contenu n'est pas coulé dans le marbre, même s'il a été formalisé à un moment donné. Car plus on avance dans le déploiement des plans d'action, plus on apprend. Cet approfondissement au contact de la réalité procure une nouvelle compréhension des situations, des clients, des moyens par lesquels on peut agir.
Une bonne vision intègre ces apprentissages en améliorant et clarifiant le but visé. C'est un fantastique tremplin d'évolution collective, tiré par le rêve de toute une communauté d'hommes et de femmes conscients qu'ils bâtissent ensemble leur futur.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
