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Le dialogue dans l'impasse

L'actualité | L'événement | publié le : 28.03.2006 | Sandrine Franchet, Anne Bariet

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Le dialogue dans l'impasse

Crédit photo Sandrine Franchet, Anne Bariet

Dominique de Villepin a rencontré, le 24 mars dernier, les partenaires sociaux pour tenter de dénouer la crise autour du CPE. Mais la réunion a vite tourné au dialogue de sourds.

Des manifestations étudiantes et lycéennes se radicalisant et se déroulant dans un climat de plus en plus violent. Des appels à la grève pour la journée du 28 mars se multipliant, tant dans le secteur public (transports, enseignement, Bercy, La Poste...) que dans le privé (France Télécom, Total, métallurgie, médias...). Des patrons de plus en plus circonspects sur la mesure, à l'image de Louis Gallois, président de la SNCF, annonçant que l'entreprise ne recruterait pas en CPE... Tous les ingrédients semblaient réunis pour signifier la fin du temps de l'intransigeance et l'avènement du temps du dialogue.

Ouvrir les discussions

Le 23 mars dernier, le Premier ministre avait enfin convié les partenaires sociaux à le rencontrer « le plus rapidement possible », pour ouvrir « des discussions sur l'emploi des jeunes et leurs parcours d'insertion professionnelle ».

Réunies au siège de la CFDT, les cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) avaient décidé de jouer le jeu, acceptant même de revenir sur le préalable (le retrait du CPE) qu'elles avaient posé à toute rencontre avec le gouvernement.

Lever l'hypothèque du CPE

Mais, le lendemain, à Matignon, la réunion avec Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher a vite tourné au dialogue de sourds : les syndicats réclamant de « lever l'hypothèque du CPE » avant d'engager des négociations en vue d'un nouveau texte, face à un Premier ministre proposant de discuter des modalités d'application en vue de la rédaction des décrets. Un peu plus tôt, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet européen de Bruxelles, Jacques Chirac avait donné le ton : « On n'a pas à donner d'ultimatum. Quand une loi a été votée par le Parlement, conformément à la règle et à l'esprit de nos institutions, elle doit être appliquée. »

« Nous avons tous essayé de faire comprendre au Premier ministre la tension actuelle dans le pays, déclarait François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, à la sortie de la réunion. Mais nous sommes dans une impasse puisque le gouvernement ne manifeste aucun signe d'ouverture. »

Intransigeance

« L'intransigeance n'est pas de notre côté », soulignait Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, tandis que Maryse Dumas (CGT) se déclarait « atterrée ».

Seule concession obtenue par les organisations syndicales de salariés : une rencontre, dès le 25 mars (au lieu du 27) entre Dominique de Villepin et les organisations d'étudiants et de lycéens.

A l'issue de sa rencontre avec les cinq confédérations, le Premier ministre a déclaré qu'elle constituait « une première étape », affirmant que « tout le monde a conscience des enjeux : la sécurité, la reprise des cours, la préparation des examens et l'emploi des jeunes », et invitant « Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher à poursuivre la discussion avec les syndicats ».

Mobilisation du 28 mars

Pour autant, aucun autre rendez-vous entre le gouvernement et les organisations syndicales n'avait été fixé en fin de semaine dernière, et les confédérations comptaient, désormais, sur l'ampleur de la mobilisation de ce 28 mars pour faire entendre leurs revendications.

L'intersyndicale, qui regroupe syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens, avait, par ailleurs, prévu de se réunir dès le 29 mars pour tirer le bilan de la manifestation. FO a d'ores et déjà proposé la poursuite de la grève interprofessionnelle, « dans l'hypothèse où le Premier ministre, au soir du 28 mars, ne retirerait pas le CPE ».

Un jeune sur cinq au chômage ?

Si le chiffre de 40 % de jeunes de moins de 25 ans au chômage est souvent cité, il faut rappeler qu'il concerne les non-qualifiés, le taux global étant en réalité de 22 % en 2004 (contre une moyenne de 18,6 % dans l'Union européenne*). Pour autant, il ne signifie pas qu'un jeune sur cinq est au chômage : seulement qu'un jeune actif sur cinq l'est. En effet, un grand nombre de 15-24 ans poursuivant des études, leur taux d'activité est seulement de 38 %. Si l'on considère l'ensemble de la classe d'âge, la proportion de moins de 25 ans au chômage est de 8,1 %, proche de la moyenne européenne (8,2 %) ou encore des taux suédois (8 %) ou britannique (7,6 %).

Pour Gérard Cornilleau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, « le problème du chômage des jeunes en France est concentré sur un petit nombre d'entre eux, sans qualification ou peu qualifiés ». Ce qui justifie, notamment pour la CFDT, d'imaginer des dispositifs dédiés avant tout aux non-qualifiés plutôt qu'à une classe d'âge.

* source Eurostat.

Auteur

  • Sandrine Franchet, Anne Bariet