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Enquête

Vaste projet anti stress mené avec la Cram

Enquête | publié le : 28.03.2006 | G. L. N.

L'usine de Wisches (67) du fabricant de mobilier de bureau a bénéficié d'une démarche très concrète, menée en partenariat avec le service de prévention des risques de la Cram.

Steelcase, en France, ne badine pas avec les risques professionnels. Dans ses usines alsaciennes, le groupe américain de production de mobilier de bureau a décliné une vaste démarche de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS, lire Entreprise & Carrières n° 792). Mais l'usine de Wisches a complété cette approche des risques par un volet «Bien-être dans l'entreprise», qui a évalué les causes de stress et permis la mise en oeuvre de multiples actions de prévention dans ce domaine.

Inquiétudes

« Nous nous trouvions, en 2003, dans un contexte marqué par le recul du chiffre d'affaires de 40 % en trois ans, des usines devenant surdimensionnées, obligeant à des plans sociaux, se souvient Sébastien Strubel, alors directeur du site. D'autre part, un changement de méthode de production, avec un passage en lignes de fabrication, suscitait des inquiétudes. Grief principal : «vous générez du stress». »

Le médecin de l'entreprise contacte la caisse régionale d'assurance maladie (Cram) d'Alsace-Lorraine, qui propose une démarche élaborée avec l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Un comité de pilotage de démarche rassemble l'experte de la Cram, les représentants CE-CHSCT, le médecin, l'infirmière, le responsable de l'ergonomie au niveau du groupe, ainsi que le directeur de l'usine, le DRH et le responsable de la sécurité.

Entretiens

En mars-avril 2004, la préventrice de la Cram entame une série d'entretiens avec 50 salariés, puis précise le choix de l'outil d'enquête avec le groupe de travail : il s'agira du questionnaire Woccq (80 questions avec 4 réponses possibles), dont les réponses seront traitées à la Cram. « La restitution des résultats, en octobre 2004, nous a permis de prendre conscience que l'ensemble des changements que l'on avait fait vivre aux salariés, y compris les évolutions positives, pouvaient générer du stress et conduire à des pathologies, indique Sébastien Strubel. Si la ligne en système de production Steelcase (SPS) avait focalisé le débat jusque-là, le questionnaire a ouvert la démarche à d'autres secteurs. »

Trois secteurs en particulier (peinture, caisson, logistique approvisionnement) ressortent avec un niveau de stress supérieur à la moyenne de l'entreprise, elle-même supérieure à la moyenne des autres sites. Des groupes de travail sont créés dans chaque secteur de l'entreprise et recherchent des solutions pratiques à apporter autour de six dimensions (ressources, exigences, risque, planification, temps, avenir).

Validation des acquis de l'expérience

« Dans de nombreux cas, nous avons constaté que les gens n'étaient pas suffisamment informés de ce que nous attendions d'eux, explique Sébastien Strubel. Nous avons repris toutes les descriptions de fonction et réalisé des fiches pour chacune à tous les niveaux et secteurs de l'entreprise. » La dimension «avenir» pêchait aussi, surtout après le plan social. La direction a mieux communiqué sur les réussites, les nouveaux clients ou marchés, la stratégie et les projets. Par ailleurs, elle a engagé une vaste démarche de validation des acquis de l'expérience, pour valoriser et certifier la qualification des salariés. Des formes de reconnaissance individuelle (prime d'amélioration qualité, par exemple) ou collective (restaurant pour une équipe présentant un absentéisme nul) ont été instituées sur une base mensuelle.

Mesurer les bénéfices des démarches

Quant aux actions menées dans chaque secteur, elles se sont traduites de façon concrète, dans l'organisation de certains services : « Dans mon service de gestion des flux, où le stress était important, l'arrivée d'une personne supplémentaire en management de proximité, entre les équipes et l'encadrement, a permis de réduire les tensions », indique ainsi Cyril Schmidt, délégué syndical CFTC et membre du groupe de pilotage de la démarche.

Celle-ci doit se poursuivre avec le traitement en cours d'une nouvelle enquête Wocq, qui permettra de mesurer les bénéfices de cette action. Pour Sébastien Strubel, passé entretemps sur le site Steelcase de Sarrebourg, les résultats sont d'ores et déjà intéressants : même si le projet stress n'est pas seul en cause, l'usine, en difficulté fin 2002, est aujourd'hui l'une des plus performantes du groupe. Le moindre de ses mérites aura été de fournir un contrepoint aux aspects techniques et industriels mis en oeuvre dans cette unité depuis quelques années.

steelcase

> Activité : aménagement d'espaces de travail.

> Effectifs : 14 000 salariés, dont 260 sur le site de Wisches (67) ; 50 usines dans le monde.

> Chiffre d'affaires : 2,6 milliards de dollars en 2004.

Auteur

  • G. L. N.