Syndicalistes et médecins du travail de France Télécom souhaitent une démarche de prévention face au stress, dont ils ont identifié de multiples causes.
«On nous demande le maximum avec un minimum de moyens... Une grande partie du personnel est en souffrance », dénonce Danièle Tezier, membre CGT du Comité national santé, hygiène, sécurité et conditions de travail (CNSHSCT) de France Télécom. Pour elle, les suppressions d'emploi, l'externalisation des métiers techniques, les mutations, les objectifs toujours plus élevés et les rémunérations variables sont autant de facteurs de stress, notamment pour les agents encore sous statut de fonctionnaire.
Ces derniers supportent mal la recherche de profits et les défis entre équipes au détriment des notions de service public et d'abonnés. « L'organisation du travail et la sensation largement partagée de faire un travail bâclé provoquent diverses pathologies réactionnelles : stress, syndromes dépressifs, problèmes cardio-vasculaires, dermatologiques, digestifs... », confie un médecin du travail de l'entreprise, sous couvert d'anonymat.
Dans un rapport confidentiel, plusieurs de ses collègues notent que l'ampleur des réorganisations à France Télécom a conduit à la disparition de métiers, à la dispersion de compétences et à un décalage important entre les qualifications et les nouveaux postes de travail. Autant de sources de stress, analysent-ils. La direction partage-t-elle leur avis et va-t-elle en tenir compte ? Sollicitée, celle-ci n'a pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet.
L'entreprise n'est pourtant pas restée inactive. Une commission stress existe depuis plusieurs années, avec deux représentants de la direction, le médecin du travail coordinateur et un représentant par organisation syndicale. Cette commission a recensé différents «stresseurs», depuis l'instabilité organisationnelle jusqu'aux conflits de valeurs entrepreneuriales, en passant par la surcharge et la sous-charge de travail, la surqualification ou la sous-qualification. « Mais, déplore Guy Forge, membre CFDT du CNSHSCT, la direction se contente de gérer les conséquences du stress au lieu de le prévenir. » Et, pour lui, même si elles organisent quelques formations sur le stress, les directions d'unités manquent de marge de manoeuvre, car elles subissent toutes la même pression quotidienne sur la productivité.
Denis Allix, qui siège au CNSHSCT pour Sud PTT, évoque, lui, d'incessants changements d'horaires générateurs de stress. Mais, dit-il, la direction considère le stress comme un problème individuel et ne s'interroge pas sur l'organisation du travail. Cependant, les médecins du groupe de travail rappellent qu'il faut maîtriser le risque « à la source ». Et ils suggèrent donc aux managers une démarche de prévention pour les futurs changements d'organisation, de processus ou de technologie. Avec des plans d'action à construire dans chaque établissement, en concertation avec les CHSCT...
> Effectifs : 55 000 salariés.
> Chiffre d'affaires : 49 milliards d'euros, en 2005.