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Enquête

« Le stress doit être analysé comme une condition de travail »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 28.03.2006 | G. L. N.

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« Le stress doit être analysé comme une condition de travail »

Crédit photo G. L. N.

E & C : Dans le dernier baromètre CFE-CGC du stress des cadres, 16 % seulement des salariés interrogés indiquent que leur entreprise prend le phénomène en compte. Pourquoi la prise de conscience est-elle si difficile ?

B. S. : Je crois simplement que les entreprises n'encourant aucune sanction ne s'en préoccupent pas. Le document unique fait obligation à l'employeur d'évaluer aussi les risques psychosociaux. Les médecins du travail peuvent le faire, mais il n'est généralement pas utilisé, ni même demandé. L'accord européen de 2004 sur le stress n'a pas été décliné pour l'instant. Mais ce n'est pas une directive, il n'y a pas d'obligation d'application.

E & C : Pourtant, certaines entreprises multiplient le coaching, les formations à la gestion du stress, voire les massages sur le lieu de travail ou encore des services aux salariés de type conciergerie...

B. S. : Ces mesures de bien-être personnel sont évidemment séduisantes pour les employeurs et le management. Elles vont dans le sens de l'individualisation croissante de la gestion des ressources humaines : l'évaluation, la rémunération, la mise en concurrence des salariés entre eux...

Le management devient manipulateur, 30 % des salariés se sentent mis en concurrence, selon notre baromètre paru en mars. D'autre part, cette approche individuelle du stress permet de ne pas s'interroger sur les conditions de travail, sur la qualité du management. Le stress n'est pas un problème individuel. Il devrait être traité comme une condition de travail, au même titre que le bruit, les vibrations, la pénibilité physique.

E & C : Comment convaincre les entreprises ?

B. S. : Il faudrait, selon nous, se servir du moteur toujours efficace de la finance, en donnant un prix à la prévention, de sorte qu'elle devienne rentable pour l'entreprise. Alors que nous militons, par ailleurs, pour qu'une partie des charges soient sorties des entreprises et récupérées sous forme de cotisations sociales sur la consommation, nous pensons qu'un financement assurantiel des nouveaux risques psychosociaux, reposant sur les entreprises, au côté de l'assurance maladie et de l'assurance accidents du travail, accélérerait la mise en oeuvre d'une réelle prévention.

Auteur

  • G. L. N.