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Les Pratiques

L'emploi s'ouvre aux jeunes diplômés du 93

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 21.03.2006 | Patricia Sudolski

Au vu des résultats de son premier bilan d'étape, l'opération «Nos quartiers ont des talents» va être déclinée dans tout l'Hexagone. Cette expérience, menée en SeineSaint-Denis, fait, en effet, l'unanimité.

Initiée à la rentrée 2005 par le Medef du nord de l'Ile-de-France et par le député PS d'Epinay, Bruno Le Roux, l'opération «Nos quartiers ont des talents» avait pour but de mettre face à face des recruteurs et des jeunes diplômés de Seine-Saint-Denis demandeurs d'emploi. Résultat : aujourd'hui, sur les 200 jeunes parrainés, l'action à mi-parcours a permis l'embauche de 45 d'entre eux, dont 28 en contrat à durée indéterminée (CDI). Ils ont été retenus principalement par le secteur des services, aux postes de commerciaux, juristes, ingénieurs. Quatre-vingt autres sont en cycle de recrutement.

Constitution d'un vivier d'ambassadeurs

En avril 2005, l'idée émerge. « On voulait, explique Raynald Rimbault, délégué général du Medef Nord francilien, favoriser le recrutement de cadres locaux auprès des entreprises implantées chez nous, pour constituer un vivier d'ambassadeurs. » Une population aux couleurs de la diversité, qui se heurte aux difficultés de la discrimination à l'embauche. « Quand vous observez les strates des entreprises du 93, indique Raynald Rimbault, vous constatez que plus vous montez dans la hiérarchie, plus les gens viennent d'ailleurs et moins les minorités sont représentées. Nous n'avons pas voulu faire de la discrimination positive mais amener nos jeunes sur la ligne de départ dans la vie professionnelle. » En septembre 2005, 400 entreprises sont contactées ; 70 s'engagent à étudier systématiquement les CV des participants. L'ANPE fait connaître l'opération auprès des bac +4/+5 ; 550 CV arrivent à l'adresse e-mail du Medef Nord francilien. « On en a retenu 200, raconte Raynald Rimbault, il fallait cadrer selon nos capacités. » Le 17 novembre, une grande rencontre est organisée entre les entreprises et les candidats. La première embauche est conclue le soir même.

La Seine-Saint-Denis fait peur aux salariés

L'approche répond non seulement aux souhaits des jeunes, mais colle au terrain. « Depuis cinq ans, de plus en plus d'entreprises s'implantent dans le département, c'est l'effet Stade de France, explique Raynald Rimbault. Or, quand une direction annonce qu'elle déménage en Seine-Saint-Denis, c'est la levée de boucliers, les salariés ont peur de venir chez nous. On a vendu auprès des sociétés une politique de réassurance. Le recrutement local fait tomber les a priori. » Premier employeur de ces jeunes, la Banque populaire. Elle en a embauché cinq, dont trois en CDI, à des postes d'assistant commercial. « Nous voulons, explique Eric Chaumon, chargé du recrutement à la DRH de la Banque populaire Rives de Paris (Nord et Sud francilien), nous situer comme une entreprise qui ne fait aucune discrimination, c'est notre pratique. » De plus, l'opération correspond à leurs principes : « Nous avons une politique de proximité à l'égard de nos clients, dit Eric Chaumon, car nous sommes une banque mutualiste dont le client peut être sociétaire. Il est logique d'étendre cette politique à nos collaborateurs ; ainsi, le client et le salarié se comprennent mieux. » Le salaire moyen des bac + 4 recrutés est de 1 620 euros brut par mois. « On est tombé sur de bons éléments, conclut Eric Chaumon, des jeunes qui ont une grande capacité à intégrer les caractéristiques du métier. »

Diagnostic individuel sur les jeunes

Le retour des 70 entreprises participantes est bon. Durant l'opération, tous les jeunes sont, en effet, suivis et préparés à la rencontre avec l'entreprise. « A la fin de l'année, nous fournirons à l'ANPE un diagnostic individuel sur les jeunes qui n'ont pas décroché d'emploi, pour qu'elle prenne le relais dans l'accompagnement. » Et, pour 2006-2007, «Nos quartiers ont des talents» prévoit de réunir, sur le 93, une promotion de 1 000 jeunes et 300 entreprises. Mieux, l'outil va être proposé aux 155 structures départementales et régionales que compte le Medef.

La Seine-Saint-Denis en chiffres

Population : 1 382 861 habitants (1999), soit 12,6 % de la population de l'Ile-de-France ; 28 % d'entre eux ont moins de 20 ans et 18,7 % sont étrangers.

Taux de chômage : 13,6 % (4e trimestre 2003) contre 9,7 % pour l'Ile-de-France. Le taux de chômage des moins de 25 ans y est de 26,6 % contre 19,7 % pour l'ensemble francilien.

Le taux de pauvreté (indice CAF) y est de 16,9 % contre un taux régional de 9,7 % ; 23 % de la population francilienne en zone urbaine sensible habitent le département.

Auteur

  • Patricia Sudolski