Pour renforcer sa sécurité et rompre son isolement, chaque salarié de Famille et Cité, une association d'aide à domicile pour les familles en difficulté, est désormais équipé d'un téléphone portable. C'est l'une des améliorations des conditions de travail décidées par la direction. Décision prise après consultation d'une enquête de terrain sur l'intensification du travail, initiée, l'an passé, par la CFDT. « Identifier ce que signifie pour notre personnel l'intensification du travail est intéressant, car c'est un vécu qui a des conséquences sur l'absentéisme », soulève Marie-Madeleine Matteodo, directrice de Famille et Cité.

Créée en 1970, Famille et Cité travaille pour les conseils généraux et les caisses d'allocations familiales d'Ile-de-France. Elle compte 180 salariés, dont 95 % de femmes. En majorité des techniciennes de l'intervention sociale et familiale. Dans cette structure, l'intensification est due à un travail de plus en plus complexe. « Longtemps, raconte Marcelle Le Bihan, déléguée CFDT, nous avons été des travailleuses familiales aidant des mères de famille nombreuse. Mais d'autres problèmes sont apparus : drogue, surendettement, familles monoparentales... »

Du coup, les actes de ménage ne figurent plus parmi les tâches prioritaires des salariés. « Notre rôle, explique Denise Réaux, syndicaliste, est d'élaborer une grille de besoins, d'orienter vers des spécialistes, de dégager des objectifs contractualisés avec la famille dans un but d'insertion. A chaque fois, il faut rédiger un rapport. »

Pendant toute l'enquête, sont remontées des plaintes concernant le nouveau contexte social. « Les situations, observe Marie-Claude Prégaldiny, responsable CFDT qui a piloté la recherche, sont plus violentes, d'où un fort sentiment de courir des risques au travail. » L'adaptation qu'exige le métier comporte, en outre, des conséquences sur la santé : prise de poids, troubles du sommeil, dépression...

Marie-Madeleine Matteodo en a tiré les conclusions : « Chez nous, intensification du travail signifie plus complexité que surcharge, et la modernisation du métier contient autant de pression que de valorisation. » Aussi, la direction a décidé d'investir dans la formation. Les techniciennes suivent une meilleure préparation à l'accompagnement de la personne. « Cela a déjà permis d'améliorer la qualité de la prestation », se félicite la directrice de Famille et Cité. Parallèlement, le soutien psychologique se développe. Cette expérience s'inscrit dans une recherche sur les conséquences sur la santé de l'intensification du travail, menée par la CFDT dans vingt-deux entreprises. « Dans près de la moitié d'entre elles, détaille Laurence Théry, secrétaire confédérale CFDT chargée de la santé, les DRH sont en train d'apporter des réponses au problème. »